fiche de présentation de Phillip

And it started like this...

Les repas du dimanche chez les Delaunay-Adams-Johnson étaient toujours une grande réunion de famille. Si l’on devait faire une publicité pour promouvoir les familles LGBT recomposées, nul doute que l’on prendrait celle-ci. Non pas qu’elle soit un exemple ou autre, mais plus pour sa diversité et son entente. Tous les dimanches midi, c’était la même rengaine. Phillip rejoignait sa famille dans la grande demeure de son enfance, embrassait sa mère sur le front, enlaçait sa belle-mère et riait aux blagues, certes douteuses, de son père et de son beau-père. Son frère et sa sœur, enfants de sa belle-mère, arrivaient toujours un peu après, comme ils étaient incapable d’être à l’heure à un quelconque événement. S’il salua brièvement sa sœur d’un signe de la tête, celle-ci rejoignait leurs mères, quand Neal, son meilleur ami, en plus d’être son colocataire, venait vers eux, ignorant leur soeur de toute sa superbe.

Lorsque leurs mères s’étaient mises ensemble, l’annonce avait été plutôt difficile à accepter, surtout du côté de Neal. Phillip, lui, malgré son jeune âge, avait déjà compris que ses parents ne s’aimaient pas d’amour – et puis, il lui était fréquemment arrivé de croiser des inconnus à la maison, aussi, ce qui ne laissait place à aucun doute. Donc s’il avait simplement été content que sa mère trouve quelqu’un pour la rendre heureuse, la nouvelle du côté des Johnson avait été plus difficile à avaler. Leur mère, Stephanie, était mariée à un homme, lorsqu’elle a rencontré Leanne, sa mère. Il lui avait fallu plusieurs années avant de s’assumer et d’enfin demander le divorce. Neal avait donc eu beaucoup de mal à accepter Leanne et, si Phillip avait rapidement surnommé Stephanie « Mama », cela n’avait pas été le cas pour les enfants Johnson. Pour eux, leur relation n’était pas normale et, pire encore, vivre avec deux autres adultes et un enfant, il n’y avait pas de mot pour le décrire. Et puis Neal et Philllip s’était finalement rapidement entendu, et la situation s’était atténuée.

Oh, il fallut expliquer aux Johnson pourquoi Phillip irait dans un internat privé et pas eux – et, malheureusement pour son père et lui, incapable de mentir convenablement, ils ne purent dire la vérité – mais ils étaient toujours heureux de se retrouver durant les vacances. Encore aujourd’hui, cacher le sorcier qu’il était n’était pas chose aisée. Tout simplement parce qu’il ne comptait plus le nombre de gaffes qu’il pouvait faire en racontant ses journées. En même temps, lorsque l’on est médicomage, c’est un peu compliqué de changer de vocabulaire pour l’adapter au langage des moldus. Il pourrait peut-être leur dire la vérité, il le savait. Neal avait d’ailleurs probablement des doutes, comme ils vivaient ensemble et que lors du roulement durant les tâches ménagères, celles de Phillip étaient bien trop rapidement terminées. Mais il ne savait pas comment aborder le sujet. Stephanie, Neal et Talia étaient devenus sa famille, en l’espace de près de quinze ans. Et il savait les Johnson catholique, ce qui n’aidait pas à le pousser à avouer ce qu’il était.

Etrange, non ? D’avoir peur de faire son « coming out » auprès d’une lesbienne et de ses enfants. Lui-même en riait, parfois. Se disait qu’il était ridicule. Qu’ils ne le rejetteraient pas. Et puis, le rejeter lui voudrait dire qu’ils rejetteraient également son père, sorcier lui aussi. Et s’ils les rejetaient eux, alors ils rejetteraient également sa mère, cracmole, dont les parents étaient également sorciers. Elle quitterait donc les Johnson sans même un regard en arrière. Dingue ce qu’une simple révélation pourrait avoir comme conséquence, hein ?

Mais ce n’était pas aujourd’hui que cette question serait réglée. Non, aujourd’hui, Mama voulait savoir quand, enfin, Phillip leur ramènerait une petite-amie, ou un petit-ami. Une grimace étira ses traits, comme il roula des yeux. Mais pourquoi donc cette question revenait-elle régulièrement sur le tapis, hein ? N’avait-il pas le droit de bien vivre son célibat ? Il n’avait pas envie d’être en couple. Le couple, c’était l’attachement, c’était les disputes, c’était la souffrance, au moment de la rupture. Ce n’était pas, mais alors vraiment pas, une chose qui l’attirait. Il ne dirait pas qu’il était comme son père à ce sujet à son âge, couchant à tout va, mais il n’en était pas si loin que ça. Bref, il aimait le plaisir de la chair, et ne voyait pas pourquoi il devrait s’arrêter. Peu de personnes rencontraient leur âme-sœur, et lui était loin de faire partie des chanceux – ou malchanceux, tout dépendait du point de vue.

Une fois le sujet clos, par lui et par Neal qui était tout autant un célibataire endurci que lui, ils purent passer à table. Et cette ambiance était la raison pour laquelle il ne manquerait jamais un seul repas de famille, sauf extrême urgence – principalement si celle-ci se trouvait à Sainte Mangouste. Parce qu’ils étaient une famille rêvée, finalement. Malgré les mauvaises langues, malgré les « ce n’est pas un environnement sain pour un enfant » que l’on pouvait entendre à tout va. Phillip s’en fichait bien. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il était aimé. Il avait deux pères, deux mères, un frère et une sœur. Et il ne changerait sa famille pour rien au monde.

... to be continued