Soirée mondaine - Oliver / Richard

Oliver détestait les soirées mondaines. Vraiment, c’était quelque chose qu’il ne supportait pas. En fait, il était à un âge où les soirées mondaines étaient insupportables. Il était trop vieux pour rester dans les jambes de son père, à être totalement émerveillé par la décoration de la salle et tout le service fourni par les serviteurs – et donc, parfaitement au courant, par ailleurs, que ceci étaient probablement maltraités, qu’ils n’étaient pas payés, et n’avaient même pas un simple merci comme rémunération pour tout le travail accompli – et il était bien trop jeune pour se faire des relations importantes et agrandir son carnet d’adresses. Il avait bu, avant de venir. Bien entendu qu’il avait bu. Il ne comptait plus les bouteilles qu’il s’était enfilé pour se donner le courage de s’habiller, ce soir-là. Oh, il aurait pu se contenter du champagne servi, mais apparemment, il était mal vu de se précipiter sur l’alcool et d’enchainer les flutes. Ce qui était parfaitement débile en soi. Car personne ne lui ferait croire que les gens présents ce soir n’étaient pas là simplement pour la nourriture gratuite, et l’alcool qui l’était tout autant. Bref. L’on aurait pu croire que la présence d’Octavia Chatterton à la soirée lui aurait mis du baume au cœur, puisqu’il s’agissait de sa meilleure amie. Et ben non ! Parce que la demoiselle ne voulait pas que leur amitié soit révélée au grand jour, et préférait garder ça caché. D’ordinaire, Oliver n’en avait que faire qu’elle ait honte de son nom de famille, et qu’elle ne souhaite pas que son amitié avec un Rosenbach ne se sache. Sauf que, là, on n’était pas d’ordinaire. Non, là, on était à une soirée particulièrement ennuyante, et la seule personne qui pourrait le sauver de son ennui mortel, faisait comme s’il n’existait pas ! Le jeune homme n’avait donc qu’une seule envie : croiser ses bras contre sa poitrine et taper du pied en la fusillant du regard, tout en essayant de lui jeter des sorts pour la maudire sur plusieurs générations. Bon, le simple fait qu’il n’ait jamais tenté de faire de la magie, puisque celle-ci n’était pas vraiment stable, l’empêchait de mettre son plan à exécution. Mais, sérieusement, elle n’en mériterait pas plus ! Alors, il se contenta de poser sa main sur sa joue pour cacher son visage, puis de lui tirer la langue d’une manière qui laissait clairement voir à la jeune femme sa façon de pensée. Puis il fit comme si de rien n’était, et attrapa une nouvelle coupe de champagne, n’oubliant pas de remercier, avec un sourire de surcroit, l’esclave qui le lui avait apporté. « Oliver !! » Il sursauta, se demandant qui l’avait appelé, avant de plisser des yeux pour reconnaître son interlocuteur. Est-ce qu’il le connaissait ? Sa tête lui disait quelque chose, mais alors son nom, absolument pas. Enfin … Vu la blondeur de ses cheveux, peut-être s’agissait-il d’un Bartholomew. Oui, il y avait de fortes chances que cela en soit un. Mais pourquoi il venait lui parler ? « Ce charmant et pitoyable petit Oliver Rosenbach ! » Han. Bah merci. Il ricana, pour seule réponse, avant de se racler un peu la gorge pour se donner consistance. Il ne fallait pas lui en vouloir, okay, il avait bien trop bu pour son propre bien. « Alors dites-moi tout, je suis impatient de savoir : quoi de neuf dans votre petite vie insipide ? » Nouveau ricanement, qu’il ne parvint pas à maitriser, comme il buvait sa flûte d’une traite, avant de la poser sur la table qui se trouvait derrière lui. « Rien de neuf. Ma vie est insipide, comme vous l’avez si bien dit ! Mais merci pour votre intérêt ! » lui répondit-il, ne sachant lui-même pas s’il était sérieux ou pas. Mais comme un nouveau ricanement s’échappa de ses lèvres, il était fort probablement qu’il ne le soit pas. « Et vous … Monsieur … Bartholomew ? » demanda-t-il dans une petite moue, pas certain d’avoir fait la bonne supposition. « Dîtes … Je me suis toujours demandé … » commença-t-il en penchant la tête sur le côté, l’alcool l’obligeant à réfléchir avec une lenteur très faiblement calculée. « Ce sont vos vrais cheveux ? Ou vous les teignez ? » reprit-il, la tête toujours un peu penchée sur le côté, avec la soudaine envie de s’allumer une cigarette. Le pire, c’était que sa question était des plus sérieuses et que, maintenant que sa curiosité était piquée au vif, il avait envie d’en connaître la réponse.