Cináed & Harold ❝ But the heart wants what it wants ❞

Si Harold était content d’être en sixième année, surtout d’un point de vue séduction, il y avait quelques trucs qui le chiffonnaient un peu. Comme, par exemple, le fait que sa cousine et Dym soient maintenant diplômées. Bon, si sa cousine lui manquait, ce n’était pas pareil qu’avec la jolie blonde. En même temps, il ne couchait pas avec PandyPanda – quelle idée saugrenue – alors forcément, la façon dont sa cousine lui manquait n’était pas la même que pour Dym. Parce que Dym, il avait été habitué à aller la voir lorsqu’il n’avait personne pour la soirée. Parce qu’il avait été habitué à passer du temps avec elle, dès qu’il en avait envie. Harold n’était pas vraiment un littéraire. Au contraire, même, il écrivait plutôt mal. Il évitait donc généralement les hiboux. Mais, avec Dym, il n’avait pas vraiment le choix. Alors il s’était rendu à la volière, pour lui envoyer un i miss you, when can we see ?. Et il avait bien l’intention d’utiliser ce passage secret donc la jeune femme lui avait parlé, pour la rejoindre quelque part ensuite. Si seulement il pouvait transplaner ! Mais non, il ne pouvait pas encore. Trop jeune – bla bla bla. Bon, il faisait entièrement confiance à l’ancienne gryffondor pour l’amener où elle le voulait, et le ramener à Pré-Au-Lard ensuite. Pas de doute que c’était une mission qu’elle saurait accomplir !

Retournant vers la salle commune des rouge et or, Harold eut une autre pensée un peu nostalgique. C’était assez étonnant, lorsqu’on le connaissait. Parce que l’adolescent aimait ne penser qu’au moment présent et à rien d’autre. Mais c’était probablement parce qu’il avait pensé à Dym étant partie de Poudlard, qu’il se rappela que, l’année prochaine, Cin ne serait plus là non plus. Mais quelle idée il avait eu de devenir ami avec des gens plus âgés, aussi ! Il allait se retrouver tout seul l’année prochaine, comme un con ! Bon, peut-être pas tout seul non plus, c’était qu’il avait d’autres amis, quand même, il ne fallait pas exagérer. Mais Cin était son bro, c’était différent ! Et puis, il ne l’avait pas souvent vu, ces derniers temps. C’était un peu ça le problème de ne pas partager son dortoir. C’était qu’ils devaient se voir et en dehors des cours, et en dehors du dortoir. Compliqué, lorsque l’on connaissait l’emploi du temps surchargé de l’adolescent – c’était qu’il avait souvent tendance à utiliser son temps libre pour les filles, quoi ; Cin avait beau être son bro, il passait généralement après. Mais il ne fallait pas croire que Harold n’avait pas remarqué le changement chez son pote. Il ne le voyait plus draguer, déjà – ce qui était un signe très très avant-coureur qu’il se tramait quelque chose. Et puis … bon okay, c’était à peu près la seule chose qu’il avait remarqué. Mais c’était énorme, quoi ! Il était son pote de soirée, après tout ! Celui qui lui disait « Essaye la miss là-bas, elle est délicieuse » et ce genre de conseils très essentiels à sa vie de tous les jours. Quelque chose n’allait pas, c’était obligé. Et il était de son devoir de découvrir de quoi il s’agissait ! Alors une fois arrivé dans la salle commune, il le prit par le bras pour l’entrainer à l’écart – oui, bon, il sortit de la salle avec lui quoi – simplement en lachant un « Faut qu’on parle » . Puis, il monta quelques marches, juste histoire d’être sûr que personne ne les entendrait en rentrant dans leur salle. « Qu’est-ce qui se passe avec toi ? Une fille ? Un … Bref, il se passe quelque chose et je veux savoir quoi ! » Oui oui, Harold avait même failli dire « un mec » mais il s’était rappelé ensuite que cela aurait plus été une insulte qu’autre chose pour son ainé, et comme il était bien décidé à le faire parler, il valait mieux éviter de le vexer.

« Je heu … » Il tenta de soutenir son regard, mais en le voyant détourner le sien, il sut que quelque chose de sérieux se passait. Cin était en train de chercher à se défiler.  Et Cin ne faisait jamais ça. « C’est rien t’inquiète, j’ai juste été pas mal occupé ces derniers temps, mais t’sais bien que je te l’aurais dit s’il y avait une fille ! » Harold ne put s’empêcher de lui lancer un regard sous-entendant un « à d’autres ». Parce qu’il le connaissait. Oh oui, il le connaissait. C’était son bro. C’était son meilleur ami. Il le connaissait par cœur. Et, là, quelques instants plus tôt, il avait cherché à lui mentir. Il l’avait vu, sur son visage. Il avait très bien vu ce déclic chez son meilleur ami, en mode « j’ai trouvé quoi lui dire sans mentir. » Alors, il roula des yeux. Puis il lui attrapa le bras à nouveau, le forçant à s’asseoir sur les marches avec lui. Parce que s’il avait cherché à détourner la vérité – et qu’il y était apparemment parvenu, puisqu’il n’avait vu aucun signe de mensonge lorsqu’il lui avait répondu – c’était que la conversation risquait de prendre un certain temps. Si Harold aimait ça ? Non. Absolument pas. Harold n’aimait pas les conversations. Il n’aimait pas parler. Enfin, il aimait bien s’entendre parler à la limite. Et encore, surtout qu’il disait principalement que des conneries, donc si c’était marrant cinq minutes, c’était bien plus chiant passé un certain temps. Et il aimait encore moins écouter. Ecouter demandait une certaine dose de concentration. Et Harold avait la capacité de concentration d’un poisson rouge. Ou d’un animal de ce type-là. Bref, sa capacité de concentration n’était pas au top, en tout cas. Alors entretenir une longue conversation sur les sentiments et ce genre de conneries, ce n’était vraiment, mais vraiment pas son truc. Mais … Cin était son meilleur ami. Le meilleur qu’il n’ait probablement jamais eu. Il avait des amis. Il en avait des tas, dans son dortoir. Mais ils n’étaient pas Cin. Cin était très clairement au-dessus du lot. Bref, on n’appelait pas quelqu’un meilleur ami ou encore bro sans raison. Alors, pour lui, il pouvait faire cet effort. Surtout que là, cela semblait vraiment nécessaire – encore une fois, et peut-être qu’il se répétait mais qu’importe, Cin avait pensé à lui mentir, alors c’était probablement vraiment sérieux. « Tu sais que tu peux genre tout me dire hein ? Enfin … d’ordinaire j’taurais dit « c’pas comme si j’écoutais tout » mais là j’écouterai tout. Car c’est important. C’est tellement obvious que c’est important. Genre t’as failli me mentir et ça … nop, no way, pas de ça entre nous. Mais tu m’connais, c’pas mon genre de juger anyway. » finit-il par dire, mâchant des mots comme à son habitude tachant de dire quelques conneries pour détendre l’atmosphère pour tenter de le convaincre à se confier, histoire qu’il serve à quelque chose. « Allez, come on. Si c’est pas une fille c’est quoi ? » continua-t-il, roulant des yeux, avant de tenter un truc. « Un mec ? » Oh, non pas qu’il y croyait une seconde. Mais s’il ne rit pas cependant – parce qu’il ne voyait pas en quoi ce serait drôle déjà – il avait simplement envie de le secouer un peu. Et il s’était dit que l’énerver en disant ce qui serait, pour lui, une insulte, était peut-être finalement une bonne idée – oui, Harold était une véritable girouette, même en pensées, et faisait l’inverse de ce qu’il avait pensé quelques instants plus tôt … big news, appelez la gazette, whatever. Alors peut-être qu’il s’énerverait, en effet, mais du coup, il voudrait le contredire – c’était, apparemment, une insulte telle pour lui qu’il aurait besoin de lui prouver que ce n’était pas ça.

« Qu’est-ce qui te fait penser que c’est un mec ? » bougonna-t-il immédiatement. Mais d’une manière bien moins violente que le brun ne l’aurait cru. Enfin, pour un mec comme Cin, n’insultait-il pas sa virilité et ce genre de trucs ? Attention, il ne jugeait pas son meilleur ami, hein. Bien entendu qu’il ne comprenait pas son opinion sur les personnes homosexuelles – quoique … Cin ne dirait sûrement pas non à deux lesbiennes, probablement. Mais l’Irlandais était ainsi fait, alors ce n’était pas bien important. Lui aussi avait des défauts que le blond devait supporter à longueur de journée, donc bon, whatever. Mais, du coup, Cin réagissait d’une manière bien trop douce, malgré son ton bougon. A moins qu’il n’ait raison ? Whaaat ? Cin, avec un mec ? Oui, non, il se faisait probablement des idées. Mais merde, que quelqu’un déride ce blond pour qu’il l’ouvre et commence à parler, aussi, ce serait plus simple ! Harold n’était pas doué en psychologie, sinon ça se saurait. « Alfie Delaunay » finit-il par lâcher, lui faisant froncer des sourcils. Alfie Delaunay quoi ? Il lui avait mis une raclée et du coup il avait du mal à se remettre d’avoir perdu face à la tapette de l’école ? – ses mots, pas les siens, bien entendu, il appréciait bien Delaunay, lui, il était plutôt cool, comme mec. Ou … Merde. Naaan ? Really ? Sa bouche s’ouvrit, et il la referma instantanément. « Wait … Il va m’en falloir un peu plus que ça, là. » répondit-il, se passant une main dans les cheveux. Car bon, là tout de suite, ce qu’il se disait, c’était que Cin ne s’était pas fait taper par Alfie, mais se l’était tout simplement tapé. Mais il n’était pas certain que son meilleur ami n’apprécie s’il lui en faisait la réflexion. Mais, face à son silence de plomb, il dût se rendre à l’évidence : Cin ne comptait pas préciser. Alors, peut-être que sa première idée était la bonne. Peut-être qu’il se passait bien un truc entre les deux. « Tu le détestais bien trop pour que ce soit naturel … » lâcha-t-il dans une grimace, gêné. S’il n’avait jamais fait la moindre réflexion à ce sujet, il s’était toujours demandé pourquoi il s’en prenait autant à lui, alors qu’en soit, Alfie n’avait jamais rien fait – bon, il était plutôt chiant lorsqu’il fanfaronnait après une victoire des Serdaigles, mais cela n’arrivait pas si souvent que ça. « Mais c’est pas grave, tsais. J’trouve ça cool, moi. Il est sympa comme mec, Alfie. » Même qu’il se l’était fait, si si. Mais peut-être éviterait-il de le lui dire, il ne fallait pas abuser. Surtout que si Alfie était vraiment la raison de son comportement, alors cela devait être plutôt sérieux. « Donc quoi … T’es gay ? Et du coup les filles t’intéressent plus ? Ou … T’as genre des sentiments pour lui et … » Oui, bon, la conversation était pas mal gênante, finalement. Bien trop sérieuse à son goût. Okay, il l’avait cherché, en venant lui parler pour lui faire cracher le morceau, mais quand même, ça manquait un peu de conneries, non ? « J’espère que c’est la deuxième proposition. Car bon, on passe quand même pas mal de temps dans les douches, toi et moi … Et j’ai testé, et c’était pas trop mon délire. Désolé, t’es beau, mais nope. » lâcha-t-il dans un rire, avant de réaliser qu’il en avait peut-être un peu trop dit.

Cin souhaitait, apparemment désespérément, garder ses lèvres closes, Harold n’avait pas eu le choix que de supposer sa compréhension. Or, le truc avec le brun, c’était qu’il n’était absolument pas un fin psychologue. Au contraire, même, l’on pourrait dire qu’il était un peu bourru. Pas mauvais garçon hein. Pas forcément idiot non plus. Mais … Simplement la psychologie n’était pas son truc, et le jeune homme trouvait bien plus simple d’être honnête et franc, et de dire ce qui passait par la tête. « Comment ça t’as testé ? » lui demanda-t-il aussitôt, lui faisant ouvrir la bouche, puis la refermer. Si ça se trouve, Harold avait tout simplement mal compris, et sa théorie était entièrement fausse. Et donc son meilleur ami restait aussi peu ouvert d’esprit qu’il l’avait toujours été. Mais bon, Harold doutait que Cin ne lui tienne rigueur de son essai, de toute façon. Enfin, il savait pertinemment qu’ils étaient particulièrement différents, et qu’Harold avait simplement voulu essayer – il était vrai que le jeune gryffondor aurait adoré pouvoir jouer des deux bords, il fallait bien l’avouer. Dans le cas où il avait bien compris, il valait mieux éviter de lui dire qu’il avait testé avec Alfie Delaunay lui-même. Certes, il était le seul mec ouvertement gay à l’école – et Harold devait bien avouer que, rien que pour ce fait, il trouvait que le Delaunay avait une sacré paire de … bref – mais si son meilleur ami et Alfie entretenaient une … relation … oui, nan, il valait mieux ne pas le lui en parler. C’était plus prudent. « Non en fait, je veux pas savoir. » décréta-t-il finalement, lui soutirant un petit – mais tout petit, hein – soupir de soulagement. « Et pour te répondre, je ne suis pas gay. » Ah. Oups ? Enfin … Wait, pourquoi n’était-il pas en train de s’énerver de l’insulte suprême qu’il venait de lui faire, alors, s’il n’était pas gay et qu’il ne se passait rien avec son Némésis ? « Je sais pas ce qu’il se passe dans ma tête ok, et je suis même pas sûre d’avoir envie de le comprendre. De toute façon, d’ici quelques mois je serai loin de Poudlard et ça ira mieux. » reprit son meilleur ami, lui tirant une petite grimace. Oui, nan, clairement, si Cin lui-même ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait et ce qu’il se passait dans sa tête, alors Harold n’y parviendrait pas non plus. Il n’était pas devin, le gamin hein ! S’il avait pris l’option de divination, c’était simplement parce qu’il aimait bien boire du thé ! Il resta donc silencieux un moment, grimaçant un peu parfois, fronçant des sourcils d’autres fois. Puis finit par lâche un long soupir, à peine mélodramatique. « Ok. Mais … Tu couches avec ou pas, alors ? » demanda-t-il à moitié sérieux, dans une énième grimace exagérée.