Aisling & Harold ❝ I won't tell you that I love you, kiss or hug you ❞

Harold avait passé une très agréable journée pour le moment. Réellement. Il avait eu cours de métamorphose – il adorait la métamorphose, principalement parce que sa directrice de maison en était la professeure, et qu’il respectait cette femme au-delà de tout mot – puis avait même réussi à convenir d’un rendez-vous pour le soir avec une charmante serdaigle. Bref, deux bonnes nouvelles en l’espace de quelques heures, c’était une journée qui commençait à la perfection. Il espérait d’ailleurs que quelqu’un organiserait une soirée clandestine dans la soirée – c’était que nous étions vendredi, alors autant en profiter – où il pourrait amener la jolie jeune fille avec qui il avait flirté durant le cours. Mais bon, au pire, ils se retrouveraient dans la salle sur demande et s’organiseraient leur propre soirée. C’était même mieux, finalement. Etre tous les deux, s’amuser un peu, profiter de la présence de l’autre. Bref, oui, au final, c’était mieux qu’il n’y ait pas de soirée d’organisée, au moins, ils seraient seuls, ce qui était bien plus propice à passer du bon temps. Mais là n’était pas le moment de penser à ça. Il avait entrainement de Quidditch, et c’était son balai en main et déjà vêtu de sa tenue, qu’il se dirigeait vers le terrain. Le Quidditch, c’était un peu un sport de famille. Son père avait été dans l’équipe. Sa mère aussi. De ce qu’il avait compris, c’était d’ailleurs par le biais de leur équipe qu’ils s’étaient rencontrés, puisque son père était son ainé de deux ans. Et puis, que dire de sa cousine, qui était devenue professionnelle maintenant et qui était dans l’une des meilleures équipes nationales ? Bref, c’était tout naturellement qu’il avait posté en troisième année, même si ce n’était peut-être pas pour les bonnes raisons. Qu’importe, il s’y amusait bien, surtout une fois les matchs terminés, lorsqu’il se faisait féliciter par des filles de sa maison.

Harold était, étrangement, plutôt en avance ce jour-là. Pour lui qui arrivait toujours avec au moins une dizaine de minutes de retard, c’était plutôt surprenant. Au point qu’il croisa quelques membres de l’équipe de poufsouffle, qu’il salua d’un grand sourire. Parce qu’Harold n’était pas compétitif pour un sou. Que ce soit en dehors des matchs, voire même pendant les matchs. Il ne prenait pas vraiment ça au sérieux, même s’il ne le dirait pas à voix haute – question de fierté familiale. Son sourire s’agrandit, alors qu’il vit une certaine poufsouffle en particulier. Bon, il ne se souvenait plus vraiment de son prénom – il avait un peu de mal, avec les prénoms, et s’il se souvenait des visages ; et des corps surtout ; mettre un prénom dessus était toujours relativement compliqué – mais il savait exactement qui elle était. Elle était cette fille qui était venue le voir, en début d’année, avec une requête assez spéciale. Une requête qui lui avait tiré un énorme sourire, tant il avait pu être flatté. Oui, elle lui avait demandé d’être son premier amant. Juste comme ça. Parce que sa réputation l’avait précédé. Alors arrivé à son niveau, il lui lança un grand sourire, bien qu’un peu en coin, avant de la saluer un peu plus personnellement. « Hey you … » souffla-t-il, sans se dépérir de son sourire. « L’entrainement s’est bien passé ? »

Harold n’avait jamais été doué avec les prénoms. Ce n’était pas tant qu’il n’en avait rien à faire juste … si, en fait, il n’en avait pas grand chose à faire. Enfin, pour tout dire, c’était simplement que lorsqu’une fille lui disait son prénom, il était bien trop concentré à autre chose qu’à le retenir. Comme regarder ses courbes, par exemple. Imaginer une nuit de folie, aussi. Peut-être aurait-il dû se souvenir du sien, quand même. Enfin … Elle était venue le voir, parce qu’elle voulait qu’il soit sa première fois. C’était quelque chose. Quelque chose qui lui avait fait énormément de bien à son égo, et qui lui avait tiré un immense sourire. Pas un sourire en coin. Non non. Un vrai sourire franc et honnête. Parce que cela lui avait fait énormément plaisir, de voir que sa réputation le précédait, et qu’elle était venue le voir lui et personne d’autre pour cette mission de la plus haute importante. Il aimait à croire qu’il s’était montré comme un véritable gentleman. Passant trois fois devant la salle sur demande, il avait imaginé une chambre éclairée seulement par des bougies, avec un chemin en pétales de rose. Il n’en avait pas mis sur le lit, car bon, niveau confort, il y avait mieux que de s’allonger sur des pétales. Des coussins c’était mieux. Plus cosy. Bref, il lui avait donné une nuit dont elle se rappellerait toute sa vie. Dommage que lui ne se rappelle pas de son prénom. Enfin bon, il trouverait bien un stratagème pour qu’elle ne le découvre pas et ne soit pas vexée. Les filles se vexaient souvent pour ce genre de petites choses. Il ne comprenait pas trop. Ce n’était pas comme si c’était quelque chose d’important. Il se souvenait d’elle, ça, c’était important, non ? Le reste … Bref, il ne comprenait pas. Et n’allait pas vraiment se prendre la tête avec ça. « Ça a été autant que ça peut aller avec deux joueuses de qualité en moins depuis l'an dernier. Et un capitaine à former pour me remplacer. » lui répondit-elle, lui tirant une petite moue. Oui, en effet, compliqué. Ils étaient dans la même situation, d’ailleurs. Puis, Kendra était morte. Il grimaça à nouveau en y pensant. Il n’avait pas trop envie de penser à sa mort. Il l’aimait bien, Kendra. Et c’était triste qu’elle soit morte. Alors il n’aimait pas trop y penser. « Vous avez votre entraînement juste après? » Il se passa une main dans les cheveux, tachant de se reconcentrer sur la conversation. C’était lui qui était allé la voir, après tout, ce serait mieux qu’il se force à l’écouter. Au moins un minimum, en tout cas. « Ouais … J’suis en avance, bizarrement. J’suis jamais en avance, normalement. Mais bon. » répondit-il dans un haussement d’épaules, avant de reprendre. « On est dans la même situation. Pas mal de nouveaux. Puis, notre capitaine a un peu été choisi à la dernière minute, et dans de mauvaises conditions. Alors bon, les entrainements sont moins fun qu’avant. » Il grimaça une nouvelle fois, avant de lâcher un soupir. Il ne savait même pas pourquoi il parlait de ça. Probablement car elle en avait parlé avant. Qu’importe. « C’est cool de se croiser, en tout cas ! » finit-il par s’exclamer ensuite, retrouvant son sourire.

Harold n’aurait pas dû parler de Kendra. Oh, il ne l’avait pas vraiment, il n’avait pas vraiment dit son prénom non plus. Un peu comme s’il était tabou, ce qui était parfaitement débile. Ils feraient bien mieux de parler d’elle, et de ne pas l’oublier. Mais Harold n’aimait pas penser à ce genre de choses. Parce que c’était triste, et qu’il n’aimait pas être triste. Alors il n’y pensait pas, c’était bien plus simple. Ainsi, il n’était pas triste, et tout allait bien. Bref, il fallait qu’il change de sujet. Il l’écouta brièvement parler, sans faire plus attention que ça à ce qu’elle disait. Harold avait bien trop de problèmes de concentration pour écouter une conversation toute entière. Ce n’était pas tant qu’il ne le voulait pas, simplement, il finissait toujours pas se perdre dans ses pensées – pourtant pas si intéressantes pour ça, mais bon – ou par laisser ses yeux se poser sur le décolleté d’une fille, ou sur ses courbes. Et se concentrait lui demandait un effort supplémentaire, et cet effort le fatiguait, voilà tout. Il n’y avait bien qu’avec Cin qu’il faisait cet effort. Et encore, seulement lorsqu’il y était obligé, et que c’était une affaire très très importante. « En jouant au quidditch, c'était un peu évident qu'on se recroiserait... » Il revint à la conversation au mot quidditch – oui, généralement, il suffisait de dire ce mot, ou de dire poitrine, ou fesses, ou fille, ou bref. Il acquiesça donc de la tête, avant de se passer une main gênée dans les cheveux. S’il avait du mal à écouter, il avait aussi du mal avec les banalités. Oui, bien sûr qu’il était content de la croiser. Réellement, même. Ce n’était pas tous les jours qu’une fille lui faisait l’honneur de lui demander de lui prendre sa virginité. Bon, il avait eu pas mal la pression, quand même, il fallait bien l’avouer. Déjà, c’était une amie de Dym – c’était même elle qui lui avait conseillé de faire appel à lui, yep ! Et Dym, il l’aimait beaucoup, elle était cool. Donc il ne fallait pas qu’il fasse de mal à sa pote, c’était normal. De la même façon, personne n’avait le droit de faire de mal à Cin, c’était logique que ce soit la même chose pour les filles. Ensuite well, il devait être bon quoi. Enfin, il le devait toujours hein. Même qu’il l’était toujours ! Mais là, il s’agissait de la première fois. C’était important, ce genre de trucs, pour les filles. « Mais je ne pensais pas qu'un mec comme toi aurait pris la peine de se souvenir de moi, et de mon prénom. » Aouch. Déjà, il ne savait pas comment prendre le un mec comme toi. Il ne savait pas trop si c’était un compliment, mais il en doutait un peu quand même. Mais le deuxième aouch, c’était aussi que, well … S’il se souvenait d’elle, il ne se souvenait pas de son prénom. Et ça, c’était plutôt pas top. « Bien sûr que je me souviens de toi, voyons ! Je sais que je suis un poil goujat sur les bords, mais quand même ! Tu m’as demandé de prendre ta virginité, c’est pas tous les jours que ça m’arrive. On dirait pas comme ça, en me regardant, mais non, les filles ne sont pas en mode « viens on va dans la salle sur demande et tu seras mon premier ! » Je dois séduire, un peu, tout ça avant quoi. Et elles le disent jamais d’elles-mêmes non plus, d’ailleurs. Elles le font, mais elles le demandent pas. Un autre truc chez les filles que je comprends pas, i guess. » lui répondit-il d’un bloc, parfaitement honnête. Bon, il zappait le passage de « au fait, tu t’appelles comment déjà ? », mais ce n’était qu’un détail sans grande importance, non ?