caliver ❝ One day to a new beginning ❞

Longue journée. Très longue journée. Oliver n’en pouvait plus, de toute ces choses sérieuses qui le dépassaient. Depuis quand n’était-il plus un enfant, déjà ? Non, parce que c’était quelque chose qui lui manquait pas mal. Ce sentiment d’insouciance, de penser que le monde était beau et rempli d’arc en ciel. Il avait toujours été utopiste. Depuis sa plus tendre enfance, Oliver voyait le monde avec des yeux différents de ce que la société tentait d’imposer. Il voyait toujours le bon chez les gens, au point que certaines personnes n’hésitaient pas à rouler des yeux franchement dès qu’il partait dans un monologue disant que, non, les méchants ne l’étaient pas forcément toujours, et que tout le monde avait une part de bon en lui. Oui, même les tueurs, même les violeurs, même les tortionnaires. Oliver était persuadé qu’il suffisait simplement de gratter un peu sur la surface, et que le bon finirait toujours par être là. Un peu comme une chrysalide devenait un papillon. Une fois la carapace brisée, ce qui était presque repoussant devenait divinement beau. Aujourd’hui encore, le jeune homme continuait de le penser. Il ne voulait cesser d’y croire, de se dire que, malgré les apparences, il y avait du bon dans chaque individu. Certaines personnes avaient simplement une carapace plus épaisse que d’autres, voilà tout. Alors, non, même s’il trouvait injuste de devoir aider un Impur à fuir une traque d’un membre de l’Ordre du Phénix, même s’il pensait qu’il n’aurait jamais dû avoir à le faire, cela ne changeait en rien son opinion. Ces individus, d’ailleurs, pensaient simplement bien faire, non ? Oh, ils étaient complètement dans le tort, ils se méprenaient totalement sur ce qui était juste et ce qui ne l’était pas. Mais ce n’était pas vraiment de leur faute. Comme ces collabos, lors de la seconde guerre mondiale, qui pensaient réellement qu’ils étaient obligés de le faire. Certains le faisaient alors parce qu’ils étaient persuadés que la cause était bonne, persuadé qu’ils étaient dans le bon, endoctrinés comme ils l’étaient. Et d’autres le faisaient parce qu’ils n’avaient pas d’autres choix, d’autres possibilités qui s’offraient à eux. Si des personnes pouvaient penser qu’il y avait toujours le choix, que l’on pouvait toujours choisir son destin, Oliver ne pouvait pas les juger pour autant. Lui-même, finalement, ne faisait pas grand chose pour tenter de changer les choses. Ses envolées lyriques étaient peut-être belles, mais ce n’était que des mots. Très rarement il s’agissait d’actes, ou alors des actes qui n’avaient pas grand impact sur la situation. Oui, certes, dès qu’il le pouvait, comme ce soir, il faisait de son mieux pour laisser à un sorcier la chance de ne pas être asservi. La chance d’être libre, de pouvoir vivre sa vie comme il l’entendait, comme lui-même le faisait, finalement. Lui était ce que l’on appelait un sorcier libre, il n’avait pas à se plier aux dictats de la société, il n’avait pas à être esclave. Parce qu’il avait eu la chance d’être né Rosenbach, parce qu’il avait eu la chance d’être né avec une cuillère en or dans la bouche. Et il aimait ça. Dieu savait à quel point il aimait cette liberté, cette possibilité qu’il avait d’être heureux, de profiter de la vie, de profiter de chaque instant qui s’offrait à lui. C’était ce qui l’empêchait de réellement s’engager dans une rébellion qui risquait de mettre en péril la vie qu’il menait. Parce que s’il se faisait prendre, alors cela en serait fini de tous ses petits privilèges. Pire encore, peut-être même qu’il entrainerait sa famille dans sa descente aux enfers, et il préférerait mourir plutôt que subir pareil destin. Mais il n’avait plus à penser à ça, aujourd’hui. Parce qu’aujourd’hui, Oliver avait fait sa bonne action. Celle qui lui permettait de dormir un peu mieux la nuit, une fois enroulé dans ses draps de satin. Un sorcier était à présent libre de ses chaînes, et c’était quelque chose qu’il fallait célébrer. Alors, allumant le jacuzzi dans le jardin de la demeure familiale, il retira lentement ses vêtements, prenant le temps de bien étirer chacun de ses muscles – c’était qu’ils avaient dû courir, à un moment, et le jeune homme en était presque déjà tout courbaturé. Simplement vêtu de son caleçon, il se dirigea vers le mini bar de leur poolhouse, avant d’en sortir deux bouteilles de champagne, qu’il ramena avec lui. Puis il rentra dans le jacuzzi, lâchant un soupir d’aise comme les jets d’eau chaude venaient cogner contre sa peau. Après avoir débouché l’une des bouteilles, il la porta en bouche, à même le goulot. Voilà une bonne manière de célébrer sa victoire, non ? Il attrapa son paquet de cigarettes, qu’il avait posé sur le rebord, avant d’en sortir une et de se l’allumer. On pourrait presque croire qu’il était au bord de l’extase, vu l’air comblé qu’il arborait, ce sourire de plaisir flottant sur ses lèvres. Mais, oui, Oliver était tout simplement heureux, comme il l’avait toujours été. Entendant un bruit derrière lui, il sursauta, fronçant des sourcils, comme il se retournait doucement, et voyait cette silhouette qui lui semblait familière et lointaine à la fois. Il ouvrit lentement la bouche pour le saluer, avant de la refermer, se souvenant de son incapacité à prononcer son prénom. Alors, il lui lança un sourire éclatant, qui illumina son visage, tout simplement. Puis il ramena le goulot en bouche, et lâcha un énième soupir d’aise.

Il était là, sa cigarette en bouche, comme il regardait son cousin, qu’il n’avait pas vu depuis des années. Il n’avait pas changé. Pas pris une ride, rien. Il était toujours autant tiré à quatre épingles que dans ses souvenirs, impeccablement habillé. Il avait toujours cette aura qui l’impressionnait tant, lorsqu’il n’était qu’un enfant et qu’il le voyait lors de réceptions familiales, toutes plus diverses et variées les unes que les autres. Oliver serait incapable de dire depuis combien de temps il ne l’avait pas vu, mais ce sourire qui flottait sur ses lèvres et éclairait son visage montrait qu’il était heureux de le voir. Il l’avait toujours admiré, et cela s’était probablement toujours vu. Dès qu’il le voyait, il accourait vers lui, les yeux brillants d'enthousiasme et lui posait toujours un milliard de questions. Mon Dieu ce qu’il avait pu être insupportable. Il l’était probablement encore aujourd’hui. Sûrement, même. Il était connu pour ses envolées lyriques, ses monologues sans fin, à vouloir refaire le monde à deux ou à plusieurs. Mais il était probablement moins agaçant, sa voix étant bien moins aigue qu’elle n’avait pu l’être quelques années plus tôt. « Bonsoir Oliver, ça faisait longtemps » De nouveau, il sourit simplement à sa salutation. Ce n’était pas tant qu’il ne voulait pas le saluer en retour, il était bien mieux éduqué que cela. Mais disons simplement qu’il avait toujours eu des difficultés à prononcer son nom, et que ce qui était mignon lorsqu’il n’était qu’un bambin était purement et simplement ridicule une fois arrivé à l’âge adulte – voilà probablement ce qui lui manquait le plus de ses années juvéniles, finalement. « Je me joins à toi, tu permets ? » Il n’eut pas vraiment le temps de répondre un « Sure. » en haussant nonchalamment des épaules, qu’il commença à retirer sa veste. Sa cigarette d’une main, la bouteille de champagne dans l’autre, il finit par porter le goulot en bouche pour en boire quelques gorgées, sans pouvoir détacher son regard de ce corps qui se dénude lentement sous ses yeux, comme hypnotisé. Il déglutit lentement, se mordillant la lèvre inférieure en détaillant chaque parcelle de sa peau, chaque ligne de muscle et finit par se racler la gorge, comme pour chasser cette chimère qu’il n’avait pas vu venir. Baissant brièvement la tête lorsqu’il le rejoint, il finit par boire de nouveau, peut-être un peu plus pressement, cette fois-ci. Pour se donner consistance, pour oublier ce corps qu’il venait d’avoir sous les yeux, et les bribes de scénarios qui l’avait accompagné malgré lui. Il finit par relever le visage vers lui, un sourire peut-être un peu plus troublé sur ses lèvres, cette fois-ci, avant de ramener sa cigarette en bouche et de tirer quelques bouffées de sa précieuse nicotine. « Oui, très longtemps. » finit-il cependant par lui répondre une fois, après s’être raclé la gorge une nouvelle fois, histoire de s’assurer que sa voix serait bien maitrisée. « J’arrive pas vraiment à situer la dernière fois que je t’ai vu … Mais t’as pas changé, en tout cas. » Non, clairement, il n’avait pas changé. Ou alors il s’était embelli, peut-être. Probablement. Quoique c’était sûrement son regard sur lui qui avait changé. Il n’était plus un enfant, après tout, cela semblait donc logique qu’il ne le voit plus avec ses yeux de garnement. Il bascula la tête en arrière un instant, avant de la pencher sur le côté pour mieux le regarder, détailler les traits de son visage. Ses pupilles se posèrent sur un cil qui s’était envolé pour atterrir sous sa joue, et il se mordilla la lèvre inférieure, nerveusement, tentant de chasser ses traitres pensées. « Qu’est-ce que tu fais là ? » lui demanda-t-il finalement, ramenant la bouteille à sa bouche pour s’enivrer un peu plus encore. « Mon père n’est pas là. Personne n’est là, d’ailleurs, ce soir. Que moi. » reprit-il dans un sourire intrigué, avant de rouler des yeux. « Et qu’est-ce que tu deviens, d’ailleurs ? Depuis le temps, à quoi a ressemblé ta vie ? J’suis sûr qu’il t’est arrivé plein d’histoires et que t’as un milliard d’anecdotes à me raconter. » Il lâcha un petit rire cristallin, avant de tirer sur sa cigarette, puis de reprendre du champagne, appréciant le mélange qui lui montait doucement à la tête. Le champagne avait toujours cet effet-là, sur lui. Il l’enivrait bien plus rapidement que n’importe quel autre alcool, même plus fort. A croire que les bulles le détendaient tout autant que celles de son jacuzzi. Se mordillant la lèvre inférieure de nouveau, son regard se reposa sur ce fichu cil qui semblait s’accaparer toute son attention. Terminant rapidement sa cigarette, qu’il éteignit sur le rebord, il finit par se rapprocher de son cousin, roulant des yeux. Son pouce se posa sur sa joue, attrapant l’intrus qui le perturbait tant depuis tout à l’heure . « Fais un vœux. » souffla-t-il, un sourire amusé étirant ses lèvres, comme il plantait son regard dans le sien. Pourtant, il se recula avant même de faire envoler le cil d’un souffle. Trop proche. Il était trop proche. Et l’alcool lui montait définitivement à la tête.

Oliver était incapable de savoir depuis combien de temps il ne l’avait pas vu, cet homme qu’il avait toujours admiré, ce cousin qui lui était presque opposé, finalement. Mais, clairement, le revoir le mettait en joie, encore plus après la fin d’après-midi et début de soirée qu’il avait passées. « C’était il y a... Je devais avoir vingt neuf ans, donc il y a sept ans » Ouah. Sept ans. Il écarquilla des yeux à ce constat, ne s’étant pas vraiment attendu à ce que cela fasse autant de temps. « Tu as bien grandi depuis » Il acquiesça doucement de la tête, lui lançant un sourire presque désabusé. « Oui … Enfin j’avais douze ans la dernière fois, donc en effet. » répondit-il simplement, haussant des épaules comme il buvait une nouvelle gorgée de champagne. Lui, en tout cas, n’avait pas changé. Ou alors il était encore plus imposant et impressionnant qu’il n’avait pu l’être auparavant. « Juste quelques rides qui commencent à apparaître…  » Un rire cristallin lui échappa à l’entente du sien, comme il le détaillait pour chercher ces fameuses rides. Oui, peut-être en avait-il quelques unes. Mais cela lui donnait plus de caractère qu’autre chose, finalement. Il lui demanda ensuite ce qu’il faisait là. Après sept ans, le voilà qui débarquait à l’improviste, alors qu’il se trouvait seul dans la demeure familiale. Voilà qui était plutôt intriguant, non ? « Je passais dans le quartier alors je suis venu pour saluer ton père. Je ne savais pas qu’il était de sorti, mais je me suis dis que j’en profiterais pour te revoir, après tout ce temps » Il haussa des épaules à sa réponse, toujours souriant. Cela lui faisait plaisir de le revoir, en tout cas. Il ne s’y était pas attendu et c’était une bonne surprise qu’il lui avait faite. « Tu aurais préféré être seul ? » Un nouveau s’échappa, comme il secouait la tête à la négative. « Absolument pas. » lâcha-t-il les yeux pétillants, en toute honnêteté. C’était toujours mieux de boire à deux que seul, de toute façon. Et ayant donné sa soirée à son esclave – elle avait entendu parler d’un film qui la tentait bien – il n’aurait même pas pu lui demander de se joindre à lui. Il lui demanda ensuite ce qu’il devenait. En sept ans, il avait dû en vivre des choses, des aventures, et il n’osait penser aux nombres d’anecdotes qu’il pourrait lui raconter. « Eh bien écoute, je dirige ma propre chaîne d’hôtels de luxe, les affaires marchent particulièrement bien, je n’ai pas à me plaindre. Ensuite que dire… » Il lâcha un sifflement admiratif, hochant de la tête. « J’imagine que oui, si on parlait plus en détail, j’ai probablement beaucoup de choses à te raconter, j’espère que tu n’auras pas perdu le goùt pour mes histoires » Oliver se mordilla doucement la lèvre, avant d’opiner vivement du chef une nouvelle fois. « Je suis sûr que je l’ai pas perdu. » lâcha-t-il en le regardant, sans pouvoir s’empêcher de détailler encore son visage, perturbé par ce cil qu’il avait sur le haut de sa joue. Après plusieurs instants de silence, à simplement le regarder en souriant, il finit par se rapprocher de lui, lui retirant l’objet de son attention, avant de lui dire de faire un vœu, dans un sourire amusé. Mais il était trop proche de lui, son visage qu’à quelques centimètres, son souffle commençant à se faire trop court. Son cœur se mit à cogner contre sa poitrine, tout à coup, alors il s’éloigna vivement de lui, peut-être un peu trop brusquement pour que cela ne soit naturel. Mais l’alcool commençait à lui monter bien trop vite à la tête, et le petit vertige qui le prit ne put que lui confirmer qu’il avait bien fait. « C’est fait » déclara-t-il simplement, comme il baissait déjà le regard sur sa bouteille, gêné, avant de la ramener en bouche pour se donner consistance et chasser ces troublantes pensées. « Et toi ? Que deviens tu ? » lui retourna-t-il la question. Le jeune homme se passa une main nerveuse dans les cheveux, avant de se racler un peu la gorge. « Pas grand chose. » lâcha-t-il dans une grimace, avant de ramener la bouteille en bouche. Non, pas grand chose, en effet. Encore moins en comparaison de cet homme qui, comme il venait tout juste de le lui dire, était à présent PDG d'une grande chaîne d'hôtel de luxe. Et lui n'était encore qu'un gamin paumé qui ne savait pas vraiment ce qu'il voulait faire plus tard, pire, que cela terrifiait presque. L'avenir, en voilà un vilain mot auquel il ne voulait pas penser. Nouvelle gorgée de champagne, comme il reprit. « Je suis en première année d'Histoire. Je sais pas vraiment ce que j'ai envie de faire plus tard, du coup je me suis dit qu'approfondir ma culture ne pourrait qu'être bien en attendant. Et puis j'aime bien ça. Pas vraiment parce que ça demande pas beaucoup d'investissement et que je peux sortir et profiter de la vie, comme je le pensais au début. Mais les cours sont plutot intéressants, au final. J'ai un cours sur la seconde guerre mondiale qui me passionne vraiment. Genre vraiment vraiment. Au point que la veille je suis sage et tout, je sors pas, je bois pas, juste pour m'assurer que je m'endormirais pas le lendemain en cours. C'est dire à quel point ce cours est passionnant ! » déblatéra-t-il dans un sourire, comme ses yeux pétillaient, et que ce n'était même pas entièrement dû à l'alcool qui lui montait de plus en plus au cerveau. « Bref. Rien à voir avec PDG. Je pense pas que je voudrais avoir un poste comme ça de toute façon. Ça doit demander énormément de travail. » Et le travail, il n'aimait pas particulièrement ça, Oliver. Non, il aimait bien trop paresser pendant des heures dans son lit, et quelque chose lui disait que ce n'était pas vraiment compatible avec un poste à responsabilités. « Je préfère profiter de la vie, c'est mieux et plus fun. Enfin ... On n'a qu'une vie, autant la vivre pleinement, non ? C'est genre un peu mon adage personnel. » reprit-il, haussant des épaules nonchalamment, comme il ramenait le goulot de la bouteille en bouche pour en boire quelques gorgées. « Tu dois pas avoir beaucoup de temps libre non ? Pour t'amuser, profiter de la vie et de ce qu'elle peut t'apporter ? Enfin ... Sept ans que je t'ai pas vu ... J'sais pas, ça fait beaucoup. J'pourrais pas faire ça. Rester sept ans sans voir ma famille. » lâcha-t-il, mâchant quelques mots. Il n'y avait pourtant aucune trace de jugement dans le ton de sa voix, tout simplement parce qu'Oliver ne faisait que constater un fait. Jamais il n'en serait capable et, surtout, ce n'était pas quelque chose qui l'intéressait, tout simplement. « Bref, donc j'deviens pas grand chose, mais au moins la vie est belle et j'suis heureux. Pour moi c'est tout ce qui m'importe. » reprit-il haussant des épaules avec cette nonchalance qui le caractérisait tant, dans un sourire éclatant. Puis il lâcha un petit rire, secouant doucement la tête de gauche à droite. « Désolé, j'parle trop. Ça n'a pas vraiment changé chez moi. À part que ma voix doit être moins désagréable. J'espère en tout cas. » Un nouveau rire, comme il ramenait sa bouteille vers sa bouche, roulant des yeux.

« Content de te voir aussi enthousiaste, c’est important d’être passionné par ce que l’on fait. Je suis sur que tu réussiras là dedans. » Il grimaça un peu, avant de hausser nonchalamment des épaules. Mouais, le jeune homme n’était pas très convaincu. De toute façon, il ne voyait pas vraiment ce qu’il pourrait bien faire une fois son diplôme d’histoire en poche. Non, c’était juste des études de transition, le temps de savoir ce qu’il ferait de sa vie plus tard. Il aimait ce qu’il apprenait, cela ne lui demandait pas trop d’investissement, et il se cultivait, ce qui était toujours bien lorsque l’on voulait avoir une certaine place dans la société. Mais cela n’allait pas plus loin que cela et il ne se voyait pas vraiment y faire carrière. « Oui c’est très prenant, mais quand tu aimes ce que tu fais, tu ne vois pas le temps passer. » lui répondit-il après qu’il lui ait avoué qu’être PDG n’était absolument pas quelque chose qui l’intéressait. Mais il comprenait ce qu’il disait, en effet, si son cousin était passionné par ce qu’il faisait, nul doute qu’il ne voyait probablement pas le temps passer. « J’aime bien, tu n’as pas tord, autant profiter » Oui, c’était exactement son crédo, son adage personnel. Voilà un tatouage qui lui manquait, sur sa peau déjà si dessinée. On n’a qu’une vie, autant la vivre pleinement. Peut-être Tantum habet vitam vivunt eamque en latin ? Peut-être était-ce une traduction un peu trop littérale, mais il n’était pas particulièrement en état de réfléchir convenablement. D’une écriture soignée. Peut-être sur sa cheville ? Oui, pourquoi pas. « C’est vrai que j’en ai probablement moins que certains mais je sais profiter lorsque je le peux, crois moi » Cette phrase eut le mérite de le reconcentrer directement dans la conversation. Ou peut-être était-ce ce regard appuyé qu’il lui faisait, qui lui fit rater quelques battements. Battements de cœur qui revinrent rapidement bien plus rapides, plus forts aussi, comme ses yeux se posaient sur ce sourire explicite qu’il lui lançait. Le jeune homme déglutit lentement, avant de presser doucement des paupières, cherchant à penser à autre chose. « C’est vrai que sept ans c’est assez conséquent, j’ai eu quelques nouvelles par certains, j’en ai revu d’autres petit à petit, dès que je le pouvais. Mais tu sais les affaires m’ont beaucoup occupées… » Les affaires, les anecdotes qui pouvaient aller avec. Voilà un sujet qui pourrait lui changer les esprits, non ? Et bien non, justement. Parce que même son ton évasif et le manque cruel d’informations qu’il lui donnait ne suffirent pas à attiser sa curiosité, tant il restait perturbé par ce sourire, par ces mots. Il ne voulait même pas imaginer comment il pouvait profiter de son temps libre dès qu’il en avait l’occasion. Non, ne pas penser à ça. Une chose était certaine, le sorcier ne pouvait pas vraiment rester silencieux. Déjà, ce n’était pas dans ses habitudes, et puis, cela risquerait de paraître suspect, si son comportement ne l’était pas déjà. « Ca me fait plaisir de te savoir heureux et épanoui en tout cas. » lui répondit-il, lui tirant un sourire lumineux et honnête. Oui, il était heureux. Il l’avait toujours été. Tout comme il avait toujours été bavard et insouciant, d’ailleurs. Ça non plus, ça n’avait pas vraiment changé. « Ah et bien tu es devenu un homme, pour sur ! Mais tu sembles avoir toujours cette insouciance et cette énergie. J’ai l’impression de ne pas avoir trop raté durant toutes ces années, en voyant que quelque part, tu es encore un peu ce petit gamin que j’avais l’habitude d’avoir dans les pattes aux repas de famille » Il rit à ses mots, avant de laisser son rire s’envoler un peu plus haut encore, comme son cousin lui ébouriffait les cheveux avant de l’éclabousser. Mais, de nouveau, il était trop proche de lui. De nouveau, ses iris se perdaient sur ses lèvres qui semblaient l’appeler. Il sentit son souffle courir sur sa peau, lui tirant quelques frissons, et il s’humidifia les lèvres, bien malgré lui, avant de se les mordiller doucement. Son souffle se fit un peu plus court, son cœur résonna jusque de ses tempes, l’assourdissant presque, comme il se sentait presque obsédé par sa présence près de lui, trop près de lui, comme son visage se rapprochait lentement du sien, presqu’émanté. Pourtant, ses mots résonnaient eux aussi, en lui, tournaient et revenaient encore dans son esprit, se moquant presque de lui. Gamin qui était toujours dans ses pattes, aux repas de famille. Oliver se faisait des films. Il le voyait toujours comme un gamin. Ce qui était normal, puisqu’il en était encore un. Et, en plus de se faire des films, ceux-ci étaient totalement mal placés. Ils étaient de la même famille. Il était son cousin. Et même sept ans sans le voir n’auraient pas dû lui faire oublier ça. Il n’était pas un inconnu rencontré par hasard, il n’était pas qu’un homme qu’il aurait croisé à une soirée, et qui l’aurait fait un peu trop fantasmé pour son bien. Il était le fruit qu’il n’avait pas le droit de désirer, et qui, surtout, n’aurait jamais dû simplement traverser ses pensées. Alors il se décala brusquement, pressant une nouvelle fois des paupières, lâchant un petit soupir discret, comme il ramenait sa bouteille de champagne en bouche, la vidant d’une traite. « Finie. » dit-il d’une voix peu maitrisée, montrant sa bouteille, avant de se racler la gorge. Il se releva alors, sortant du jacuzzi, mettant cette distante nécessaire pour rejoindre le poolhouse pour se chercher une nouvelle bouteille. Peut-être n’était-ce pas une bonne idée. Il avait déjà trop bu, non ? N’était-ce pas pour cela qu’il était totalement dans un état second ? Si, probablement. Mais, pourtant, il avait envie de se détendre. Non, pas seulement envie, il en avait besoin surtout. Il revint donc quelques instants plus tard, une nouvelle bouteille dans une main, une pochète contenant de l’herbe – et pas de province – et de quoi rouler dans l’autre. S’asseyant sur le rebord du jacuzzi, laissant ses pieds tremper à l’intérieur, osant à peine le regarder, il se mit à rouler, se concentrant sur ce qu’il faisait, plus pour chasser ses pensées malvenues qu’autre chose. « T’en veux un ? »  proposa-t-il, prenant son courage pour relever son regard sur lui, ignorant son cœur qui manqua un battement. Trouver un sujet de discussion. Trouver un sujet de discussion. Putain ! Pourquoi est-ce que rien ne lui venait ? Pourquoi ne parvenait-il pas à trouver des mots, à parler, lui qui pouvait pourtant se montrer si bavard qu’il en devenait agaçant, parfois ? Il souffla longuement, tentant de se calmer un peu, n’arrivant pas à s’empêcher de se sentir nerveux, tout à coup. « J’attends toujours tes anecdotes … » souffla-t-il, forçant un petit sourire, avant de reprendre aussitôt, sans lui laisser le temps de répondre. « Non parce que je peux aussi raconter des histoires, mais je doute que ma vie d’étudiant, et toutes les frasques, qui vont avec soient particulièrement intéressantes. » reprit-il dans un rire qui, bien qu’un peu forcé lui aussi, permit de le détendre au moins un peu. A moins que ce ne soit les conséquences de ce joint qu’il s’allumait enfin.

Oliver ne saurait expliquer pourquoi il était tant perturbé par la présence de son cousin. Même la proximité physique qu’il y avait eu au sein du jacuzzi ne l’expliquait pas. Après tout, ce n’était pas un inconnu qu’il avait en face de lui. Ce n’était pas un jeune homme qu’il aurait pu croisé lors d’une soirée étudiante, et qui l’aurait troublé. Il s’agissait d’un membre de sa famille, d’une personne qu’il connaissait depuis qu’il était venu au monde. Pire, il s’agissait d’un proche de son père et le sorcier ne voulait même pas penser à la réaction qu’il pourrait avoir s’il venait à apprendre ce que son fils avait pu imaginer l’espace d’un instant. Alors le jeune homme avait préféré prendre un peu de distance, et c’était le pas plutôt lourd qu’il s’était forcé à revenir près de lui. Commençant à se rouler un joint, il finit par lui en proposer un. « Pourquoi pas » [/b] lui répondit-il, le faisant acquiescer. Lui tendant le sachet ainsi que les feuilles à rouler, il vint porter son propre joint en bouche, avant de laisser la fumée parvenir à ses poumons. Peut-être que se défoncer un peu plus encore, que se désinhiber ainsi n’était pas la meilleure méthode pour être maitre de ses actes, mais Oliver se sentait bien trop tendu pour rester ainsi. La gêne ne faisait pas vraiment parti de ce qu’il aimait, bien au contraire. Il détestait lorsqu’il ne parvenait pas à parler comme il le souhaiterait, lorsqu’il sentait la rougeur envahir ses joues, lorsque même sa gêne pouvait se percevoir au ton de sa voix. Alors, certes, peut-être ne pourrait-il pas entièrement se contrôler, peut-être gafferait-il et le regretterait-il ensuite. Mais au moins il se sentirait bien, tout simplement. Et c’était tout ce qui lui importait. « Tu n’as pas un peu de musique ? Les voisins ne sont pas vraiment à côté… » [/b] Le sorcier esquissa un sourire, avant de se tortiller un peu et d’attraper son téléphone posé un peu plus loin. Il se serait bien levé pour aller chercher une station d’accueil – en plus cela aurait remis encore un peu plus de distance entre eux – mais il était bien, posé ainsi, les paupières certes un peu lourdes mais le corps détendu. Lançant sa playlist sans vraiment y faire attention, tâchant de masquer sa nervosité qui, malgré tout, restait toujours un peu présente. Il lui demanda alors de lui raconter des anecdotes sur ces dernières années, ayant toujours apprécié les histoires qu’il avait pour habitude de lui raconter. Et puis, ce n’était pas vraiment comme si lui avait quelque chose d’intéressant à révéler. Il n’était qu’un jeune sortant à peine de l’adolescence, un peu paumé, qui passait bien plus de temps à faire la fête et à s’amuser qu’à étudier. « Oh mais je serais heureux d’en apprendre davantage sur tes frasques étudiantes, c’est que pour moi cela remontent à quelques années, pour ne pas trop me vieillir » [/b] Le jeune homme arqua un sourcil à sa réponse, relevant la tête vers lui, avant de rouler doucement des yeux. Ce n’était pas que sa curiosité était piquée au vif, mais un peu quand même, il fallait bien l’avouer. A chaque fois qu’Oliver tentait de ramener le sujet à lui, d’en apprendre plus sur lui, son cousin déviait le sujet. Aurait-il quelque chose à cacher ? Un petit sourire étira ses lèvres à cette pensée, comme il ramenait son joint en bouche. « Vraiment, y’a pas grand chose à dire … » commença-t-il sans perdre son sourire, avant de hausser des épaules nonchalamment. « Je sors. Beaucoup. Probablement trop, si l’on demandait l’avis de mon père. Je bois pas mal aussi. Pareil pour la cigarette. Et … Je sais pas, juste je m’amuse. » Nouveau haussement d’épaules, comme il reprenait. « Il n’y a pas de vraie anecdote à raconter là. » Un rire s’échappa tout de même, alors qu’il en pensait à une en particulier. « Enfin si tu insistes … Une fois, plusieurs potes m’ont balancé dans la piscine, je les ai détesté et ai refusé de leur adresser la parole pendant plus d’une semaine. Et jouer au roi du silence quand on s’appelle Oliver Rosenbach, c’est vraiment pas simple, faut pas croire ! » rit-il, avant de se mordiller doucement les lèvres. Parce qu’il racontait n’importe quoi. Parce que rien de ce qu’il disait n’avait un quelconque intérêt, du moins selon lui. « Et toi ? Qu’est-ce que tu caches ? » demanda-t-il dans un sourire en coin. « T’arrêtes pas de dévier le sujet alors que je cherche tes anecdotes. » Un petit rire s’échappa, comme il le fixait. « Quel sombre secret caches-tu C.. ? » reprit-il les yeux pétillants de malice, butant sur son prénom et abandonnant définitivement l’idée de pouvoir un jour le prononcer convenablement.