Glorious Meeting — Mini Event

Camille restait non loin du Prince Theodore, se faisant discret et silencieux. S’il avait pu se rendre invisible, nul doute qu’il l’aurait fait, pour ne pas que sa présence puisse déranger. Mais il devait rester à côté de son Maître, des fois qu’il ait besoin de lui pour quelque chose. De toute façon, si le Prince était importunité par sa présence, alors il lui dirait de disposer. Camille quitterait alors la réception, le plus silencieusement possible, avant de regagner sa minuscule chambre. Et là il attendrait le retour de son Maître, et resterait à sa disposition, comme il l’avait toujours été. Regardant discrètement le Prince, il ne put réellement s’empêcher de le regarder, au moins en biais, tandis que la soirée commençait, et que le Roi prenait la parole. S’il écouta, bien entendu, le discours de sa Majesté, il avait bien du mal à poser ses yeux ailleurs que sur la silhouette de son Maître. Plus le temps passait, plus l’esclave était perdu. Si, bien entendu, il acceptait d’accéder à ses requêtes d’ordre charnelle, espérant que cela le rendrait heureux, il ne savait pas si c’était véritablement le cas. Etait-il satisfait de lui ? Aimait-il ce qu’il lui faisait ? Le Prince était tellement discret et secret sur ce qu’il ressentait, expert dans la maîtrise de ses réactions, qu’il ne parvenait jamais à être rassuré sur ce qu’il pensait de lui, sur la satisfaction qu’il avait de sa dévotion. Il ne le détestait pas. Camille le savait, à présent qu’il le lui avait distinctement dit. Il ne le détestait pas, ne le haïssait pas. Il n’était pas qu’un simple esclave, pour lui. Mais il ne le voulait pas comme ça. S’il voulait la relation sexuelle et qu’il l’avait avec lui, c’était simplement parce qu’il était là, et qu’il lui était asservi. En tout cas était-ce ce qu’il lui avait dit. Mais le sorcier avait des difficultés à comprendre son comportement. Non pas qu’il devrait retourner sur cette pente sinueuse et laisser son esprit se tourmenter de questions qui n’avaient pas d’intérêt. Mais il ne pouvait réellement s’en empêcher. Le baiser qu’il lui avait donné … A la fois rempli de tendresse et d’une certaine ferveur. Puis cet acte qu’il avait souhaité lui faire, si dégradant et humiliant pour un homme tel que lui, de sa sature et de son rang. Il se mordilla la lèvre inférieure, de ce tic bien trop présent et impossible pour lui de s’en défaire, écoutant avec plus d’attention le discours du Roi. Il acquiesça à plusieurs de ses phrases, lui aussi inquiet, parfois, à l’idée qu’un Impur veuille s’en prendre au Prince, pour atteindre le Roi. Mais ce serait une inquiétude qu’il tairait, bien entendu. Elle n’était de toute façon pas de son ressort, mais celle du garde du corps du Pur, qui était le seul à même de le protéger. Il faillit applaudir une fois le discours terminé, plus par éducation qu’autre chose, mais voyant que personne ne le faisait, il se retint à la dernière seconde – et il avait bien fait, cela aurait été bien embarrassant s’il avait attiré l’attention sur lui. Jetant un regard à la salle de réception, il croisa le regard d’Orion, le médecin qui s’occupait de lui, parfois, et lui fit un simple signe de la tête. Puis il retourna son attention sur le seul qui devait l’avoir, gardant la tête à moitié basse, comme son yeux se reposaient déjà sur lui.

Camille avait tenté de se faire le plus discret possible, de ne pas porter l’attention sur lui, et il avait excellé à cette tâche, comme à son habitude. Mais la nature faisant partie intégrante de chaque être humain, qu’il soit Pur ou Impur, il s’était vu obligé de demander à son Maître la permission de s’absenter pour aller aux toilettes. Sur le chemin, le jeune esclave avait bien vu le coup que Kenneth s’était pris par Sir Powell, et une grimace compatissante avait déformée ses traits. S’il avait fait un pas dans sa direction, dans l’idée de l’emmener à l’écart pour peut-être le soigner voire lui remonter le moral, il s’était stoppé en voyant qu’une jeune femme était allée à son encontre. Il se passa brièvement une main dans les cheveux, avant de partir en direction des toilettes. De nouveaux, alors même qu’il connaissait les pièces du palais comme sa poche, ses yeux s’émerveillèrent une fois à l’intérieur. Jamais le jeune homme ne se lasserait de vivre dans pareil endroit. Ce palais était tout simplement majestueux de splendeur et, encore aujourd’hui, l’esclave ne saurait dire à quel point il se sentait chanceux d’être au service du Prince Theodore. Jamais il ne remercierait suffisamment le ciel pour l’honneur qu’il ressentait en portant le blason de la famille royale sur son uniforme. Perdu dans ses pensées, l’esclave fit sa petite affaire et prit le temps de bien se rhabiller, lissant ses vêtements qui s’étaient quelque peu froissés. Il s’apprêtait à sortir de la cabine quand il entendit entendit la porte s’ouvrir avant de se refermer brusquement. Puis un vase se cassa. D’autres bruits tout aussi violents vinrent résonner à ses oreilles, et l’esclave regarda à travers le trou de la serrure pour comprendre ce qu’il se passait. Il fronça des sourcils, comme il plissa des yeux pour mieux voir, avant de se mordiller la lèvre. Un homme était présent, visiblement très énervé, et le stress commença à monter en lui, comme il réalisait qu’il n’aurait probablement pas dû assister à cette scène. Alors, le plus discrètement possible, l’esclave ouvrit la porte de la cabine, avant de tenter de quitter cette pièce. Il descendrait en cuisine pour se laver les mains, ce n’était pas bien grave. Sa respiration se stoppa, comme il atteignait enfin la porte, ses doigts s’immobilisant sur la poignée. Tout irait bien, l’homme ne l’avait pas remarqué. C’était que Camille était devenu expert en invisibilité. « Toi ! » Ou pas. Il sursauta en entendant sa voix, qu’il reconnut presqu’aussitôt. Il s’agissait de l’un des portes parole de l’Ordre du Phénix. Theo aimait regarder les vidéos officielles, tant et si bien que l’esclave en venait à les connaître presque par cœur, lui aussi. La tête basse, il se retourna, sans oser le regarder. « Je … Je suis désolé. Je n’ai rien vu. Rien entendu. Je vais vous laisser. » balbutia-t-il nerveux, d’une voix basse, chuchotant presque. Il aurait mieux fait de rester auprès de son Maître et de passer sa soirée à le regarder, cela aurait été bien plus plaisant.