Haters gonna hate - Kennistair

Alistair avait toujours aimé le calme. Ces instants où il pouvait faire le vide dans son esprit, ne penser à rien. Lorsque Lucian Wolfe travaillait dans son bureau, l’agent n’avait qu’à vérifier que les portes étaient bien verrouillées, puis pouvait strictement ne rien faire. S’ils étaient retournés à la ville – ou plutôt aux résidences militaires, mais entourés d’êtres vivants dirons-nous – l’ainé des Fitzgerald s’était pourtant bien accoutumé des deux derniers mois. Il n’avait jamais été du genre sociable, ou alors brièvement durant son adolescence. C’était tant mieux, finalement. Il n’aurait jamais pu être agent pour le CSIS sinon. Déjà qu’il avait failli ne pas l’être à cause de ses liens avec sa famille – bien que presque rompus à présent. Il n’aurait jamais pensé rejoindre le CSIS, pour être parfaitement honnête. Il avait plutôt pensé à enchainer les concours junior, avant de rejoindre une équipe de professionnels. Mais la vie avait fait que, et Alistair ne changerait cela pour rien au monde. Sa mission était ce qui l’importait le plus, ce qui passerait toujours en premier. S’il ne souhaitait nullement mourir avant de nombreuses années, il n’empêchait qu’à choisir, il préférerait mourir en mission, mourir pour son pays. Bref. Alistair aimait le calme, et comptait bien profiter de ce petit entracte pour se reposer. Aujourd’hui encore, l’homme se rejoignit sa chambre, avant de se diriger vers la chaine hifi qui trônait sur le bureau. Un air de Beethoven emplit bien rapidement la pièce, comme il s’allongea nonchalamment sur son lit, les bras croisés derrière sa tête. Il ne saurait dire combien de temps il resta ainsi, dans ses positions, les yeux rivés sur le plafond blanc de la chambre. Presque le temps d’une symphonie. Mais il finit par se lever, ayant la soudaine envie de prendre un bain – quitte à vouloir se détendre et se reposer, autant le faire à fond. Il rejoignit la pièce, qu’il ouvrit à la volée, avant de pénétrer à l’intérieur.

 « Vous cherchez quelque chose ? » lui demanda-t-il, comme Alistair ne lui jetait même pas un regard, feintant de ne pas l’avoir vu. Pourquoi faire, de toute façon ? Il n’était pas ici pour se faire des amis, et encore moins avec un esclave. Si au moins celui-ci avait été bien élevé … Mais apparemment, Lucian les aimait rebelles, à éduquer. Grand bien lui en fasse. Alistair, lui, aurait simplement préféré que l’esclave ne s’en aille en le voyant arriver. C’était ainsi que cela devrait se passer, non ? Mais bon, quitte à ce qu’il soit là et ne daigne lui laisser son intimité, autant qu’il serve à quelque chose. « Fais-moi couler un bain, veux-tu. » lâcha-t-il sans le regarder, comme il baissait son pantalon et levait la lunette des toilettes pour se soulager. Sans vraiment écouter sa réponse – après tout, un ordre avait été dit, le sorcier n’avait qu’à s’exécuter – après avoir fini sa petite affaire, il se déshabilla entièrement, puis resta debout comme un pic, posant enfin son regard sur lui. « T’attends quoi ? » Sa langue claqua contre son palais, comme il roulait des yeux. Ne le voyant toujours pas se mettre à l’action, il se rapprocha de lui, croisa ses bras contre sa poitrine, avant de les décroiser tout aussitôt. Sa main vint vivement claquer contre sa joue, et il apprécia voir l’esclave chanceler, comme un bref sourire étira ses lèvres. « Ta lenteur vient de te faire gagner le privilège de me laver. » reprit-il dans un rire sarcastique et froid, avant de recroiser ses bras contre sa poitrine, comme si rien ne s’était passé. Parce que, de toute façon, cela n’avait pas vraiment d’importance.