Talk less, smile more - Alfuke

Nouvelle année qui commençait – enfin, au sens scolaire du terme, mais il devrait se déshabituer bien rapidement à fonctionner avec un rythme scolaire. Alfie était mitigé. Il prenait lentement mais sûrement ses marques au sein de la Brigade de Police Magique. Et, pour tout dire, il s’ennuyait un petit peu. C’était normal, en même temps. Il n’était là que depuis quelques semaines à peine. Forcément que son supérieur ne le mettrait pas directement sur un gros dossier. Mais, tout de même, optimiste comme il était, il s’était déjà imaginé en train d’enquêter sur un meurtre ou même une suspicion de mangemort. Mais rien, pour le moment. La seule chose qu’il avait réussi à faire, c’était à jouer avec son karma, avant de se le reprendre en pleine figure. Comment, vous demandez-vous ? Et bien, c’était assez simple, finalement. Au sein du département de police, plusieurs enquêtes étaient en cours et il y avait quelques dossiers de constitués, tâchant de répertorier des preuves ou suspicion d’une affiliation à la magie noire. Son supérieur lui avait donné l’autorisation de feuilleter deux dossiers. Si son premier choix avait été d’une simplicité enfantine et d’une prévisibilité des plus fortes – Evan Rosier, bien entendu, des fois que vous en doutiez – il avait mis quelques minutes avant de choisir le deuxième dossier. Et puis ses yeux s’étaient posés sur la reliure de cuir où le nom de Frey Parkinson y était inscrit d’une écriture parfaitement calligraphiée. Et il l’avait pris. Il l’avait attrapé entre ses doigts, avant de le coller contre sa poitrine, et de s’asseoir à son bureau. Sa curiosité avait été plus forte que sa raison. Il l’avait donc brièvement feuilleté, grimaçant par instant, lorsqu’il était mentionné qu’il aurait pu se trouver sur une scène de crime – tout en hypothétique, bien entendu, ils n’avaient jamais eu de preuves contre lui mais … Alfie se doutait que les suspicions soient justes, malheureuse – roulant des yeux à d’autres, lorsqu’il le trouvait fort inconscient. Il avait passé quasiment l’entièreté de sa journée à parcourir le dossier de son amant, à analyser chaque crime qu’il avait possiblement commis. Jusqu’à s’en dégouter. A la fin de sa journée, une fois rentré chez lui – enfin chez ses parents, il n’avait pas encore déménagé – il avait accouru dans la salle de bain afin d’y vomir toute la bile qu’il avait accumulé de ses lectures. Puis il avait sauté le diner, l’appétit coupé, et n’avait pas vraiment passé une nuit reposante. Quelques jours plus tard, alors qu’il avait tenté de contacter son amant pour le revoir – tâchant d’oublier à peu près tout ce qu’il avait bien pu lire – il n’avait reçu aucune réponse. Il avait fini par se rendre à son domicile mais, là encore, rien. Personne pour venir lui ouvrir. Personne pour l’accueillir. La gorge nouée, les larmes commençant déjà à lui monter aux yeux, il avait regardé aux fenêtres, espérant qu’il y verrait sa silhouette à l’intérieur. Mais rien. Personne n’y était. Et, pire, c’était comme si personne n’y vivait. Alfie avait feuilleté le dossier du mangemort, et le karma avait décidé de lui enlever son amant.

Et comme le karma n’amenait jamais qu’une seule mauvaise situation, voilà que celui-ci continuait à s’amuser de lui. Et quelle ne fut donc pas sa surprise quand, prenant l’ascenseur du Ministère de la Magie pour rejoindre son département, il reconnut immédiatement des cheveux blonds dans l’habitacle. Luke. Etait-ce parce que le premier dossier qu’il avait pris était celui de son frère ou … ? Peut-être, pourquoi pas, après tout. Il ne savait même pas qu’il travaillait ici. Pourtant, c’était apparemment le cas. S’il y avait eu un procès envers un membre Rosier, il aurait été au courant – cela aurait fait du bruit, c’était certain. Il lui fit un bref signe de la tête en signe de salutation, avant de détourner la tête, les yeux résolument rivé sur la vitre. Bien entendu – ce ne serait pas drôle, sinon – l’ascenseur se vida petit à petit, jusqu’à ce qu’ils ne se retrouvent plus que tous les deux. « Delaunay… » brisa-t-il le silence après quelques instants. Alfie ne saurait dire ce qui le glaça le plus : entendre le son de sa voix après tant de temps, ou bien le nom de famille qu’il utilisait pour l’appeler. Comme si jamais rien ne s’était passé. Comme s’ils n’avaient jamais été ensemble. Comme si … Bref, comme s’ils ne se connaissaient pas tant que ça. « Tu as l’air en forme… » Le brun roula des yeux pour seule réponse, face à cette banalité sans intérêt. Il n’avait pas l’air en forme, en plus, il le savait. Enfin, si, il était probablement bien plus en forme que la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Mais il n’empêchait qu’il n’avait pas passé la meilleure des nuits, et qu’il le ressentait dans ses paupières bien trop lourdes pour une journée qui ne faisait que commencer. « Luke … » finit-il par lui répondre, insistant sur son prénom. Il lui lança un sourire, amusé de voir sa réaction à sa seule appellation. Pour autant, le cœur n’y était pas vraiment. S’il s’était agi d’Ozzie, son premier ex petit-ami, nul doute qu’il aurait amicalement flirté avec lui. Peut-être même auraient-ils fini par s’enfermer dans une cabine de toilettes pour rattraper le temps perdu. Mais Luke n’était pas Ozzie. Et, clairement, il s’imaginait très mal coucher avec lui simplement en souvenir du bon vieux temps. Il ignora donc cette boule dans sa gorge qui commençait à s’installer, se passant une main plus nerveuse qu’il ne le souhaiterait dans les cheveux. « Est-ce que… » Ses iris revinrent se poser sur l’ancien serpentard, le détaillant un peu, comme s’il cherchait à lire en lui – c’était probablement le cas, d’ailleurs, il l’avait tant connu, fut un temps. « …tu as la moindre idée d’où se trouve le Bureau des Brevets Saugrenus ? » Ses lèvres s’ouvrirent en un o inaudible, puis il se racla un peu la gorge. Le Bureau des Brevets Saugrenus. Bonne question. Très bonne question. Avait-il l’air d’avoir un plan gravé dans sa tête, par hasard ? Comment pouvait-il savoir où se trouvait ce bureau ? Une nouvelle main dans les cheveux plus tard, il finit par hausser nonchalamment des épaules, comme la porte s’ouvrit pour son étage, pile à cet instant. « Viens. » lui dit-il simplement d’une voix ferme, avant d’avancer, sans regarder derrière lui. Le trajet se fit en silence, paraissant bien plus long qu’il ne l’était réellement. Puis ils arrivèrent devant une porte, qu’Alfie ouvrit, comme il pénétra à l’intérieur. « Je vais demander à mon supérieur, il doit savoir ça. » énonça-t-il finalement, comme s’il s’agissait de l’explication la plus logique au monde. Il retira son manteau, le déposant sur sa chaise de bureau, avant de faire le tour de la pièce, puis de celle d’à-côté. « Enfin … Quand il arrivera … » reprit-il, plus gêné qu’il ne l’aurait cru, comme il réalisait qu’ils étaient seuls. Seuls, dans cette pièce, sans savoir quand quelqu’un arriverait. Karma, ce bon vieux karma.

« Tu as l’air en forme… » Il sourit, comme Luke se répète. Son sourire s'agrandit encore alors que l'ancien serpentard le réalise aussi et que quelques rosissements viennent parsemer ses joues. Il ne l'avouerait pas, principalement parce qu'il n'en avait pas le droit, mais cela lui avait manqué. Probablement son côté un peu égocentrique qui aimait l'idée de lui faire perdre ses moyens simplement par sa présence. « Tu me l'as déjà dit ... » ne put-il cependant pas s'empêcher de le taquiner, un sourire amusé sur les lèvres. « Donc… Tu travailles à la Brigade Magique, maintenant ? » lui demanda-t-il alors, avant de reprendre. « Ca te correspond bien… » Oui, en effet, ça lui correspondait plutôt bien. Durant longtemps, Alfie s’était imaginé Auror, au cœur de l’action. Puis il avait appris, après coup, qu’il fallait valider ses aspics de potion pour pouvoir y parvenir. Etant donné qu’il venait tout juste de rater ses buses dans cette discipline, il avait donc dû rapidement faire une croix dessus. « J’espère qu’on te donne un peu plus de responsabilités que celles que j’ai au Bureau des Oubliators… » Ceci expliquait donc pourquoi il était à la recherche du Bureau des Brevets Saugrenus. Il grimaça à ses mots, trouvant que c’était réellement du gâchis, finalement. « J'imagine qu'il est encore trop tôt pour que j'aie de véritables responsabilités. Mais on m'a montré comment fonctionnait le département, etc. Forcément c'est pas l'action à laquelle j'aspirais, pour le moment, mais c'est plutôt cool. » finit-il par lui répondre, en toute honnêteté. Comprenant que, de son côté, ce n'était pas vraiment rose, il ne lui renvoya pas la question - pas la peine de le faire s'épancher sur le sujet. Un petit silence, gêné bien entendu, commença à s’installer, comme aucun des deux ne savaient apparemment comment continuer la conversation. Généralement, c’était le rôle d’Alfie, de le faire. Lui qui pouvait être tant une pipelette, quand il s’y mettait. Mais, en cet instant, il n’avait pas vraiment confiance en ce qu’il pourrait dire. « Et donc… toi et Dwyer ? » Il fronça des sourcils, ramenant son regard sur lui, comme Luke lui parla soudainement de Dwyer. Comment ... Son sourire se fana, et il ne sut pas réellement quoi répondre, pris de court. Heureusement - ou pas, tout dépendait du point de vue - Luke reprit, le questionnant de nouveau. « Vous avez fini par vous prendre un appartement… ? Ou un ring de boxe, pour ce que j’en sais… ? » Il resta un instant penaud, sans savoir quoi répondre. « Enfin, après tout, ça ne me regarde pas. » Le voyant se lever brusquement, il fit un pas en avant, comme pour le retenir. Mais Luke, malgré ses mots, son « Je devrais y aller. », ne semblait pas vraiment souhaiter quitter son bureau. Il attendait probablement sa réponse, sa curiosité - ou son ego – titillée. Il lui fallut un petit moment avant de réussir à reprendre contenance, jusqu'à ce qu'il ne parvienne à réellement décrypter son comportement - cela faisait bien longtemps qu'il ne parvenait à anticiper ses actions. « Jaloux, Luke ? » lui demanda-t-il finalement, un sourire mi amusé, mi nostalgique. Qu'il le soit véritablement ou pas, le blond ne l'avouerait pas, Alfie le savait. Son ancien amant ne réagissait pas avec la même violence que lorsqu'il l'avait vu partir avec Frey. Soit il avait mûri, soit il n'était pas jaloux, donc. Dans tous les cas, Alfie doutait qu'il ne lui réponde. Il risquait surtout de prendre ses jambes à son cou pour éviter toute discussion un tant soit peu délicate. Alors, se passant une main dans les cheveux, il reprit, dans un soupir. « C'est terminé. » énonça-t-il simplement, haussant des épaules avec un certain détachement, comme s'il était un individu extérieur, comme si ça ne le touchait pas tant que ça. « Ça n'aurait jamais dû commencer, de toute façon. C'était pas ... normal. » Et il se détesta pour ce mot, lui qui avait toujours bataillé pour prouver que la normalité n'existait pas. En toute objectivité, pour autant, Alfie ne pouvait nier que Dwyer l'avait énormément aidé et que c'était probablement grâce à lui s'il avait « l'air en forme », comme le disait si bien Luke. Sa gorge se noua à cette pensée, et il lâcha un nouveau soupir, plus las. « Même si, oui, en effet, ça ne te regarde plus vraiment, j'imagine ... » reprit-il d'une voix moins maîtrisée, comme il baissa les yeux, avant de se mordiller la lèvre inférieure, probablement pour l'empêcher de trembler. « Enfin ... Hogwarts est fini après tout. » dit-il simplement dans un haussement d'épaules. Son regard dévia sur lui de nouveau, comme il le détailla un peu, appréciant les traits de son visage qu'il eut connu par coeur un jour, tant il avait pu les parcourir de ses baisers. Il resta silencieux un instant, comme perdu dans ses pensées, avant de se racler la gorge pour se reprendre. Une nouvelle main dans les cheveux plus tard, et il reprit. « Le mariage s'est bien passé ? Comment va Sin ? Il avait tenté de poser sa question avec détachement, comme s'il s'agissait d'une simple banalité, comme s'il n'était absolument pas touché par la situation. Comme si sa gorge ne s'était pas aussitôt renouée, comme si son coeur ne se mettait pas à palpiter rapidement avec irrégularité. Comme si son estomac n'était pas noué, lui aussi. Comme si de rien n'était. Comme lorsque Luke l'avait appelé par son patronyme. Un simple masque qu'il avait tenté de porter. En vain, bien entendu. Parce qu'Alfie avait toujours été un piètre acteur. Il était bien trop honnête pour cela. « Vous habitez où ? » continua-t-il, comme s'il était un masochiste qui aimait à remuer le couteau dans cette plaie qu'il avait mis tant de temps à fermer. « Au manoir Rosier ? Ou vous avez acheté quelque chose à vous ? » Et même si la réponse le faisait souffrir d'avance, même si son coeur se serrait à cette pensée, il avait envie de le savoir. Et puis, cela avait toujours été le plan, non ? A la fin de leur scolarité, Luke épousant Sin. Finalement, peut-être avaient-ils bien faits de rompre à la fin de leur sixième année. Le plan d'Alfie, à savoir profiter de leur dernière année de liberté ensemble, aurait été bien pire. Après tout, si le fait d'imaginer Luke marié le mettait dans cet état alors qu'ils avaient rompus il y a un an et qu'il avait relativement tourné la page, il ne voulait pas imaginer comment il se serait senti en devant le quitter à la veille, ou presque, de son mariage. Parce qu'Alfie aurait rompu, il le savait. Jamais il n'aurait pu être l'amant d'un homme marié. S'il pouvait à la rigueur accepter de voir un homme en cachette parce qu'il aurait du mal à assumer leur relation - et encore, il n'en était même pas certain sur le long terme - jamais il n'aurait pu être l'homme caché dans le placard - dans tous les sens du terme - qui ne voyait la personne qu'il aimait que lorsque ce dernier avait du temps à lui accorder.

Il ne savait pas pourquoi il lui avait posé cette question. La curiosité, probablement. Ou alors le Delaunay était masochiste. Pour quelles autres raisons aurait-il pu lui poser des questions sur sa vie parfaite de petit couple marié hétéro, sinon, hein ? Lui demander comment s’était passé le mariage et où ils habitaient, à présent. Quelle blague, sérieusement. « Tu ne sais pas ? Vraiment ? » lui demanda-t-il visiblement surpris pour une raison qui le dépassait, comme il plantait son regard dans le sien, cherchant véritablement à lire en lui – comme si c’était difficile, Alfie était incapable de mentir, de toute façon ; détourner la vérité à la rigueur, et encore, seulement lorsque c’était réellement nécessaire. Ses yeux se plissèrent, comme il regardait l’annuaire gauche vide, nu, sans la moindre alliance, et il se mordilla la lèvre inférieure en relevant les yeux vers lui, cherchant à comprendre. Le mariage n’avait-il pas déjà eu lieu ? Enfin … Il était prévu pour fin Poudlard, non ? A moins qu’il ne s’agisse là que d’une vague date, mais aucunement officielle ? Il n’en savait rien ? « Sin et moi, on n’est pas mariés. » Oui, ça, il avait cru le comprendre. Il allait lui demander pour quand c’était, mais l’ancien serpentard reprit. « Même plus fiancés à vrai dire… »

Il fronça des sourcils en le regardant, vraiment pas certain de comprendre. Il faisait partie des érudits, pourtant. De ceux qui avaient obtenus toutes leurs aspics, de ceux qui normalement réfléchissaient rapidement – et comprenaient donc tout aussi rapidement, aimant à résoudre les énigmes les plus compliquées. Mais là, non, rien. Comme si son cerveau court-circuitait, finalement, et que ses neurones ne parvenaient pas à se connecter les unes aux autres. « Je... Enfin, j’ai… » commença-t-il à s’expliquer, avant de se stopper finalement. Il faillit ne pas insister, ne pas lui demander de continuer – comme ils l’avaient si bien dit, la vie de l’autre n’était plus leurs affaires. Mais sans qu’il ne parvienne à le retenir, un « Tu as ? » s’échappa de ses lèvres, comme il l’incitait à poursuivre. « J’ai dit à mon père que je ne voulais pas me marier et que je ne voulais pas avoir à porter un masque... »

Sans qu’il ne puisse s’en empêcher, un immense sourire étira ses lèvres à cette confession. Sourire qui illumina son visage, ses yeux, peut-être même la pièce toute entière tant il était chaleureux, et surtout empli de fierté pour lui. Luke l’avait fait. Il avait enfin été honnête avec lui-même – et avec les autres. Il faillit le prendre dans ses bras, l’enlacer, lui dire à quel point il était heureux pour lui, heureux qu’enfin le blond puisse vivre sa vie à lui, celle qu’il désirait, celle qu’il voulait. Lui, pas ses parents. Pas sa famille. Il faillit, mais se stoppa à un pas en avant, comme le sang-pur reprit. « Ça ne lui a pas plu… » Oh. Oui. Il aurait peut-être dû s’en douter. Merde. Bien entendu que cela ne lui avait pas plu. Luke n’avait pas peur de son frère, pire, il l’aimait. Mais il était terrifié par son père. Cela voulait bien dire ce que cela voulait dire. Merde. A quoi s’était-il attendu, exactement ? A ce que sa famille l’accepte ? Cette même famille dont le fils ainé l’avait torturé simplement pour avoir osé embrasser son frère ?

« Il m’a foutu dehors… » lâcha-t-il dans un petit rire plus jaune et nerveux qu’autre chose. « Mes amis et ma famille m’ont tourné le dos… » Et sans qu’il ne le réalise réellement, ses yeux se remplirent de larmes, et il se mordilla violemment la lèvre inférieure pour ne pas craquer. Luke n’avait pas besoin de ça. Il le savait. Pire encore, il le prendrait mal. Mais … Il avait été dans cette situation. Enfin, non. Ses parents l’avaient accepté, sans l’ombre d’un doute. Mais ses amis … disons que l’année de ses huit ans n’avait été que coups et injures, sans relâche. « Ceux qui devraient me soutenir dans ce choix difficile se méfient de moi… Je ne peux même pas le leur reprocher… Je me soupçonnerais aussi, à leur place. » Il serra la mâchoire à ses mots. Luke avait enfin eu le courage de les envoyer balader, et voilà que personne ne le croyait. C’était tellement injuste. Pourtant, il pouvait le comprendre. Le jeune Rosier avait un dossier à son nom, quelque part dans ce bureau, par simple précaution.

« Enfin, voilà... Tout ça pour finir par être détesté des deux côtés… Not a smart move, when I think about it. » reprit-il dans un sourire qui sonna bien faux. « Well, anyway, it doesn’t matter. » Et le Delaunay ne put s’empêcher de franchir les quelques pas qui les séparait, pour l’attirer à lui, dans une étreinte qu’il savait forcée – mais ce n’était pas comme s’il avait l’habitude de lui demander son avis, pensa-t-il avec une certaine amertume. « Pour ce que ça vaut … T’as pas idée à quel point je suis fier de toi. » souffla-t-il en resserrant son étreinte, parce qu’il savait que, même si jamais Luke ne l’avouerait, il en avait besoin – depuis combien de temps n’avait-il pas été pris dans les bras de quelqu’un, hein ? Quant à sa fierté, nul doute qu’il n’en aurait rien à faire. Mais ce n’était pas grave, ce n’était pas vraiment le but. Non pas qu’il sache véritablement quel était le but de tout ça. Lui montrer qu’il était là pour lui, s’il en avait besoin ? Peut-être, oui.

Il finit enfin par le lâcher, claquant un bref baiser sur sa joue par réflexe, avant de reculer un peu. « J’ai une chambre de libre, si tu veux. » lui proposa-t-il en haussant nonchalamment des épaules, comme si proposer à son ex de venir vivre chez lui n’était pas l’une des pires idées qu’il ait pu avoir dans sa vie. « A la base, elle était pour Atlas. Non pas que je lui ai proposé … Enfin, je m’étais toujours dit qu’on finirait par vivre ensemble, ne jamais se lâcher, etc. Bref, c’pas qu’on était inséparables, mais un peu quand même … Du coup j’ai acheté cet appartement avec deux chambres … Et bref, avant que j’ai eu le temps de lui en parler, il m’a appris qu’il allait rester à Poudlard pour être prof. » lâcha-t-il très rapidement, d’un accent haché au couteau, probablement pas totalement compréhensible. « Bref. J’ai une chambre de libre. » répéta-t-il dans un hochement de la tête, avant de se passer une main nerveuse dans les cheveux, comme il réalisait petit à petit ce qu’il proposait. « Et tu sais que je fais pas dans la pitié, ou ce genre. C’est juste que … Autant que tu profites de cette chambre, si t’en as besoin. » se justifia-t-il pourtant, bien que la gêne commençait à l’habiter.