just the two of us (olivia)

Oliver était à moitié allongé sur son lit, son dos s’appuyant contre le mur, comme il lisait tranquillement ses cours. Oui, parfois, à lui aussi il lui arrivait de réviser, même si cela pouvait sembler surprenant. Mais ses examens arrivaient bientôt, et il y avait tout de même un minimum à faire s’il ne voulait pas devoir aller aux rattrapages. Si ses parents ne lui avaient jamais énormément mis de pression sur les épaules pour qu’il réussisse ses études, il voulait tout de même préserver son nom, au moins en en faisant un minimum. Et puis, ce n’était pas vraiment comme si ses cours ne l’intéressaient pas non plus. Okay, il lui arrivait quelques fois de s’endormir, mais ce n’était pas vraiment à cause de l’ennui provoqué par ses professeurs – bien qu’il fallait avouer que certains avaient une voix particulièrement monocorde et que ses paupières ne pouvaient donc, par conséquent, s’empêcher de s’alourdir – mais bien plus à cause des soirées qu’il faisait la veille. Oliver aimait profiter de sa jeunesse. Il n’aimait pas vraiment penser à son avenir, alors être sérieux ne faisait pas partie de ses priorités. S’il ne s’amusait pas maintenant, s’il ne profitait pas de la vie en savourant chaque seconde qu’elle avait à offrir, quand le ferait-il ? Jamais, voilà. Et Oliver était bien trop insouciant pour prendre le risque de passer à côté de ses années de jeunesse. Mais bon, là, il s’agissait d’examens, son année touchait bientôt à sa fin et il devait donc la valider. Alors, oui, même si ce n’était pas de gaité de cœur, même s’il avait envie de tout faire sauf ça, il avait soufflé un bon coup, s’était passé une main dans les cheveux, et avait sorti ses notes de cours tout en roulant des yeux. Le pire dans tout ça ? C’était qu’Oliver avait l’impression de parfaitement connaître ses cours, comme il les relisait. Mais vraiment. Alors peut-être était-ce lié au fait que celui qu’il révisait était le cours sur la seconde guerre mondiale, et qu’il connaissait en effet par cœur cette période tant il en était passionné, mais il s’ennuyait et avait donc l’impression de perdre son temps. Et il n’y avait rien de pire pour le jeune homme que ça. Il referma donc son cahier d’un geste vif, avant de se tortiller un peu pour en attraper un autre : celui sur la guerre froide. Une grimace étira ses lèvres, comme il se rappelait de ce professeur si ennuyeux – et donc du fait qu’il n’écoutait jamais un traitre mot de ce qu’il disait, et qu’il pouvait donc remercier son esclave d’avoir pris ses notes à sa place. Mais à peine eut-il le temps de poser ses yeux sur l’écriture féminine – et de retenir un bayement d’avance – que son téléphone vibra. Le nom d’Octavia s’afficha, et le sorcier l’attrapa donc, avant de lire son sms. Ramène-toi tu sais où dans 30 minutes. J’emmène à boire. Bon, les révisions attendraient. Quoi ? Ce n’était pas comme s’il avait le choix. Avez-vous lu le ton affirmatif et sans discussion possible que sa meilleure amie venait d’utiliser ? Il devait être dans leur cabane d’ici trente minute. Aucune négociation possible. Et, bon, okay, peut-être que cela l’arrangeait un minimum. Mais allait-on réellement l’en blâmer ?

Après une douche bien méritée – réviser était un effort, oui oui ! – puis s’être convenablement habillé d’une chemise grise sur un jean délavé, le brun dévala presque les escaliers. D’ordinaire, le jeune homme se fichait bien d’être en retard – il n’avait par ailleurs aucune notion du temps – mais bon, il essayait toujours de faire un minimum d’efforts lorsqu’il s’agissait d’Octavia. Sa meilleure amie était une véritable control freak, et en plus d’être particulièrement chiante, il fallait qu’elle organise chaque instant de sa vie à la seconde près. Ne voulant pas particulièrement lui filer une crise de panique à cause de quelques minutes de retard, il s’efforçait donc d’accélérer la cadence, et après avoir piqué quelques bouteilles ainsi que de l’herbe dans le poolhouse – oui, elle avait dit qu’elle ramènerait de l’alcool, mais il ne lui faisait pas particulièrement confiance sur ce sujet-là – il rejoignit bien rapidement leur cabane. Un sourire étira ses lèvres comme il commençait à y grimper, se remémorant quelques souvenirs par la même occasion. « Salut toi ! T’es à l’heure, j’apprécie l’effort. » le salua-t-elle à peine sa tête dans son champs de vision. Son sourire s’agrandit alors qu’elle réalisait que, oui, en effet, cela lui demandait beaucoup d’efforts et qu’il ne le faisait pas pour tout le monde, puis il se rapprocha d’elle pour venir embrasser sa joue. « Tu m’as sauvée de révisions particulièrement ennuyeuses, en même temps, je te devais bien ça ! » Un petit rire s’échappa, comme il retira son sac à dos et se laissa presque tomber sur le sol de la cabane, s’asseyant à ses côtés. « Qu’est-ce qui se passe ? » finit-il par lui demander en sortant son paquet de cigarettes de sa poche, avant de s’en prendre une et de l’allumer. « Non parce qu’il faut quand même avouer que ton invitation est un poil inattendue. Et on sait tous les deux que l’inattendu n’est pas ta passion … » Non, ça, ce serait plutôt son style à lui.

« Ca ne va pas te plaire. » Le jeune fronça des sourcils, s’attendant au pire. Enfin, il y avait pas mal de choses qui ne lui plaisaient pas chez sa meilleure amie, il fallait bien l’avouer. Oh, il y avait tout autant de choses qu’il adorait, hein, sinon elle ne serait jamais sa meilleure amie, justement ! Mais bon, durant un instant, il se demanda de quoi il était question. Et, bien entendu, même s’il était pourtant probablement le mec le moins sérieux de la terre, le pire lui traversa l’esprit. Elle était une Chatterton. Son frère était le porte-parole de l’ODP. Et si … Il grimaça un peu, avant de se racler la gorge et de lui faire un bref signe de la tête, l’invitant à poursuivre. « J’ai manqué d’envoyer un de nos esclaves à l’hôpital. » lâcha-t-elle finalement. Sa bouche s’ouvrit dans un O silencieux, comme il se passait une main dans les cheveux, gêné. Très bien. Okay. Mais … Wait. Depuis quand était-elle de ces maîtresses – urg, ce qu’il pouvait détester ce terme, et ce n’était même pas parce que cela lui rappelait de mauvais souvenirs de lorsqu’il était encore à l’école – qui violentaient ses esclaves, et passaient ses nerfs sur eux ? « Il a fait tomber mon archer alors tu comprends je suis devenue folle. Non mais parce que si y a bien une chose de sacrée pour moi c’est mon violon, tu sais bien. » Il soupira un peu, tâchant de s’efforcer à comprendre son point de vue. Il aurait s’agit de n’importe qui d’autre, nul doute qu’Oliver serait parti après s’être énervé, en disant que les esclaves étaient des êtres humains comme les autres, qu’ils pouvaient faire des erreurs, et que ce n’était pas la peine d’être violent avec eux pour les punir – que ce n’était d’ailleurs pas la peine de les punir tout court, même. Mais bon. Il s’agissait d’Octavia et il savait à quel point tout ce qui touchait à son violon était important pour elle. Il ne comprenait pas trop – lui-même avait beau aimer jouer de la guitare, il n’en ferait pas un drame si quelque chose lui arrivait et se contenterait de s’en racheter une, voilà tout. « Il a une marque tu sais. D’accord c’est qu’une marque mais ça peut affecter mon jeu. » reprit-elle, comme elle voyait probablement que, pour une rare fois, le jeune Rosenbach se montrait bien silencieux – et que ce n’était pas vraiment bon signe. « Tu t’es excusée ensuite ou … ? » commença-t-il avant de lâcher un petit soupir, puis de se passer une main dans les cheveux. « Oublie. » souffla-t-il, parce qu’il se doutait que, non, elle ne l’avait probablement pas fait – encore moins devant sa famille, cela aurait pu être mal vu … « Tu sais ce que je pense donc bon … Enfin, c’est juste que voilà, la violence ne résout rien. Si encore il l’avait fait exprès, pour te faire du mal ou autre … Là, bon, okay, pourquoi pas. Mais … » Il marqua une courte pause, se demandant si cela valait la peine de continuer. Après tout, elle savait déjà ce qu’il pensait de tout ça, comme il le lui avait dit. C’était d’ailleurs régulièrement un sujet de discorde, entre les deux, le traitement des esclaves. « Il ne l’a pas fait exprès. Ça arrive à tout le monde de faire des conneries … Puis c’est pas comme si tu ne pouvais pas te racheter un archet, aussi. » Nouvelle pause, nouveau soupir. Puis il roula des yeux, et haussa des épaules. « Mais ravi que tu aies pensé à moi pour te détendre et te changer les idées, en tout cas ! » reprit-il dans un sourire, à peine forcé. Parce qu’il était honnête, et que oui, malgré tout, malgré leur éducation différente, malgré leur différente façon de penser, leur différente vision des choses … Et bien, elle restait sa meilleure amie, voilà tout.