Alfuke ❝ And that's the last time you'll say no, say no to me ❞

Alfie se sentait bien, là. Il se sentait à sa place, comme si l’odeur qui venait chatouiller ses narines suffisait à le réchauffer. Il émergeait doucement, un petit sourire flottant sur ses lèvres. Son bras droit lui faisait mal, comme s’il était engourdi, et le serdaigle ne mit pas bien longtemps à en comprendre la raison. Mais seul un nouveau sourire, plus franc, étira ses traits, quand il vit que Luke était le fautif, considérant son bras comme un oreiller bien confortable. Malgré la douleur qui se faisait un peu plus forte de seconde en seconde, il n’eut pas le courage de bouger. Parce que Luke avait l’air tellement paisible, en cet instant, qu’il ne voulait pas le voir se réveiller. Parce qu’il était tellement beau, seulement éclairé par la lumière du soleil qui s’infiltrait dans la Salle sur demande, qu’il serait capable de voir ce tableau tous les matins, pour le restant de ses jours. Ce fut un sourire un peu plus triste, plus mélancolique, qui remplaça le premier pourtant. Parce qu’Alfie savait qu’il ne vivrait pas cette scène tous les matins. Parce qu’il savait que, rien que cet été, ils seraient séparés pendant deux mois. Peut-être pendant plus longtemps, même, s’il trouvait la force et le courage de mettre fin à leur histoire, pour le bien du sang-pur. Mais il ne voulait pas penser à ça. Pas maintenant. Parce qu’Alfie était trop faible. Parce qu’il n’avait pas ce courage-là, justement. C’était étrange comme il était capable de le plus parfait des gryffondor en s’imposant entre Evan et Luke pour prendre un doloris à sa place … Et comme il pouvait, aussi, être le plus parfait des serpentards, tellement lâche qu’il en était égoïste. Parce qu’il l’aimait, et qu’il ne voulait pas s’en séparer. Parce qu’il l’aimait tant, qu’il serait probablement capable de mourir pour lui – il ne voulait pas penser à ce qu’il aurait fait, si le début du sort avait été différent, remplacé par un bien plus définitif. Alors il se montrait égoïste et refusait de mettre fin à leur histoire. Même s’il savait que c’était dangereux. Même s’il savait qu’il faudrait que, à un moment ou à un autre, il se rende à l’évidence, et fasse ce qu’il y avait de mieux pour lui. Parce que Luke ne semblait pas plus prêt que lui à prendre cette décision. C’en était étrange, presque. Après tout, le serpentard était celui qui avait toujours tenté de le repousser. N’acceptant pas son attirance au début, puis utilisant sa famille comme excuse. Pourtant, cette fois-ci, il aurait bien aimé que Luke décide de mettre fin à leur histoire. Cela aurait été bien plus simple. Parce que lui semblait être bien trop égoïste pour cela. Parce qu’il voulait profiter encore, au moins un peu, du temps qu’ils avaient. Oui, cela pourrait attendre la fin de l’année. Cela pourrait attendre de prendre le Poudlard Express qui les ramènerait à la gare. Oui, cela pouvait bien attendre encore un peu. Rompre avant de prendre le train. Oui, c’était une bonne idée. Il mettrait fin à leur histoire, comme ce train mettrait fin à leur année. Un sourire attendri chassa le triste, comme des cheveux blonds virent chatouiller son épaule, puis l’orée de son torse. Luke commençait à se réveiller, lui aussi, et le serdaigle se demandait comment la journée se déroulerait. Avec lui, bien entendu. Parce qu’il était hors de question qu’il ne profite pas de chaque instant qu’ils avaient à leur disposition. Parce que c’était le week-end, qu’ils n’avaient donc pas cours, et que rien ne les obligeait à quitte cette chambre – leur chambre.

Le Français refusa de bouger d’un millimètre, réfutant l’idée de le ramener à la réalité. Celle-ci les reprendrait bien assez vite. Luke avait l’air si paisible, ainsi endormi. Le sourire qu’il avait sur les lèvres était tout bonnement à croquer – pour sûr que s’il avait été réveillé, Alfie l’aurait fait, d’ailleurs. Peu lui importait son bras, finalement. Ironiquement, on pouvait dire que le sortilège impardonnable qu’il avait reçu quelques jours plus tôt rendait totalement indolore son bras engourdi. Parce qu’il s’agissait là d’une peine bien faible, presqu’invisible, en comparaison. Et parce que c’était Luke qui la lui causait, de la plus tendre des façons. Oui, Alfie pourrait bien rester ainsi, dans cette position, toute sa vie durant. Ainsi, il pourrait garder Luke contre lui, respirer son odeur, sentir sa peau nue contre la sienne. Il pourrait le regarder dormir, encore et encore. Il pourrait, tout simplement, passer sa vie avec le serpentard. Il en serait capable. Il serait même capable de l’enlever. De le séquestrer chez lui. Luke hésiterait mais ne lui dirait pas non. Parce qu’il n’avait jamais su lui dire non. Et il était certain que sa mère se ferait une joie de l’accueillir chez eux. Oui, peut-être qu’ils pourraient vivre avec eux, un peu. Puis ensuite, une fois leur septième année terminée, ils s’enfuiraient. Juste tous les deux. Ils quitteraient tout. Ils quitteraient Londres. Ils quitteraient leurs familles. Ils quitteraient leurs amis. Peut-être qu’Atlas pourrait les rejoindre, au bout d’un moment. Les Delaunay aussi, finiraient par venir aussi. Et alors Alfie serait très certainement le plus heureux des hommes. Oui, c’était un bon plan. Une bien meilleure finalité à leur histoire qu’une rupture définitive. Il rêvait probablement, au moins un peu, c’était certain. Mais l’autre hypothèse lui donnait tout simplement envie de pleurer. Alors il avait besoin d’y croire. De croire que c’était possible. De croire qu’ils pourraient avoir leur fin heureuse. Ensemble. Il soupira d’aise en sentant un baiser sur son omoplate, avant d’enfin pouvoir bouger son bras, que Luke avait cessé de s’accaparer. Il lui lança un grand sourire en le voyant se lever à moitié, puis vint chercher ses lèvres tendrement, avant de passer la main dans ses cheveux blonds. « Bien dormi ? » lui demanda-t-il dans ce même sourire. Celui qui montrait que, malgré tout, il était heureux. Malgré tout ce qu’il s’était passé. Malgré ce qui allait, peut-être, se passer plus tard. Et qu’il comptait bien profiter de cet instant d’allégresse et de bonheur. « Ça avait l’air d’être agréable, en tout cas. » reprit-il dans un petit rire, avant de se mordiller la lèvre. « T’as rêvé de moi ? » le questionna-t-il les yeux pétillants de malice, avant d’aller chercher ses lèvres une nouvelle fois.